Page 77 - MOBILITES MAGAZINE N°01
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focus/ Industrie ferroviaire t
VfcEa ET BELfoRT-DELLE : un choix D’éTaPE à faiRE ET un chanTiER à achEVER
les deux projets ferroviaires « phares » de la nouvelle région se situent à ses deux extrémités géographiques de l’ouest et de l’est. avec la Voie Ferrée Centre-Europe- atlantique (VFCEa), d’une part, et la ligne transfrontalière Belfort-Delle, de l’autre. le débat public sur la VFCEa a été lancé le 15 décembre 2016 au Creusot et durera jusqu’au 20 mars prochain après notamment cinq réunions et 13 rencontres thématiques auxquelles s’ajouteront - une première ! - quatre débats organisés dans des trains. « Il s’agit d’un projet à plusieurs échelles mêlant le fret, les TER et les TGV » rappelle ilaria Casillo, présidente de la Commission Particulière du Débat Public VFCEa et vice- Présidente de la Commission nationale du Débat Public (CnDP). Qui résume les diffé- rents aspects de la démarche : « la moder- nisation des 160 km de la ligne Chagny/Ne- vers (électri cation, mise au gabarit pour grands conteneurs, pose du GSM-R) offrira outre l’amélioration des TER Dijon/Nevers et des relations inter-régionales comme Dijon/Tours, la possibilité de créer une nou- velle transversale de transit fret » qui ferait partie du corridor iV du réseau transeuropéen RtE-t (1). S’ajoute « la réalisation d’une gare de correspondance tER-tgV au niveau de la gare tgV du Creusot-Montceau-Mont- chanin et la construction d’un raccordement (cinq kilomètres) entre la ligne à grande Vitesse et l’axe (Dijon) Chagny/ nevers ». la présidente de la CPDP VFCEa y voit de quoi qui « améliorer aussi bien la liaison TGV Nantes/Lyon en évitant le passage par la Grande Ceinture que d’optimiser l’itinéraire Strasbourg/Lyon ». Qui en sus de la lgV Rhin-Rhône béné cierait de la lgV Paris/lyon entre Montchanin et lyon. D’ores et déjà, 300 millions d’euros (sur les 560 millions d’euros du coût du projet com- plet) sont nancés en première étape par
l’Etat, la Région, d’autres collectivités terri- toriales et SnCF Réseau dans le cadre du CPER Bourgogne 2016-2020. Une première étape qui, après la conclusion du débat pu- blic, devrait concerner d’ici 2025 la réalisation de l’électri cation Chagny/le Creusot ( ?? km pour 60 millions d’euros) et de l’inter- connexion tgV-tER. Reste à organiser l’in- sertion de nouvelles circulations de tgV sur la partie sud de la lgV Paris/lyon jugée très chargée par SnCF Réseau comme par SnCF Mobilités, ce qui expliquerait leurs réticences quant à la partie grande vitesse du projet. toutefois les études d’impact réalisées par un cabinet helvétique début 2015 avaient identi é les (rares) points de friction qui - en réalité - ne se situaient pas sur la lgV elle-même, mais surtout aux points d’entrées et de sorties du complexe ferroviaire lyonnais. Compte-tenu des projets de désaturation du nœud lyonnais actés à l’échelle nationale comme à celle du CPER Rhône-alpes 2016-2020, nombre de ces points de friction devraient être résolus à l’horizon retenu pour la VFCEa... la ligne internationale Belfort/Delle (22 km) créée en 1877 pour éviter le transit franco-helvé- tique par l’alsace-lorraine annexée avait été fermée en 1993 et sa partie centrale avait même été démantelée pour laisser passer la lgV Rhin-Rhône et construire la gare nouvelle Belfort-Montbéliard tgV situé à hauteur de l’ancienne gare de Méroux. Elle va renaître en 2018 après deux années de travaux grâce ... à cette même lgV Rhin/Rhône car la liaison intéresse le nord- ouest de la Suisse pour pro ter de la lgV Rhin-Rhône. Dès 2008 une étude proposait l’introduction d’un service périurbain cadencé sur le trajet Belfort/Delle/Délémont (2) assorti de correspondances avec les tgV à Belfort tgV grâce à une gare-annexe qui correspond au projet actuel. avec un potentiel de tra c
quotidien estimé entre 3000 et 7000 voya- geurs. l’investissement de 110 millions d’eu- ros (3) est couvert par l’Etat (23 millions d’euros), la Franche-Comté (43,8 millions d’euros dont 10,2 millions d’euros versés en anticipation de la part de l’Etat), le terri- toire de Belfort (5,5 millions d’euros), le canton helvétique du Jura (3,2 millions d’eu- ros), la Communauté d’agglomération bel- fortaine (2,5 millions d’euros), la Commu- nauté de communes du Sud-territoire (0,5 millions d’euros), l’Union européenne (3,1 millions d’euros) et SnCF Réseau (quatre millions d’euros). S’ajoutent 9,9 millions d’euros apportés par l’Etat dans le CPER Franche-Comté 2015-2020 et 24,7 millions d’euros apportés par la Confédération hel- vétique dans le cadre d’une convention in- ternationale signée le 21 août 2014. Elle associe remise en service, maintenance et exploitation de la ligne a n de proposer une desserte Belfort-Ville/Belfort-Montbé- liard tgV en dix minutes, Belfort-Ville/Delle en 22 minutes et Belfort-Ville/ Bienne en 1h43. l’offre envisagée de l’ordre de 15 al- lers/retours quotidiens (4) s’étofferait de quatre relations allers/retours tER grand Est nancy/Epinal/lure/Belfort-Ville/Belfort- Montbéliard tgV/Delle.
(1) De quoi notamment boucler un itinéraire « tout élec- trique » entre l’est de la France, Dijon, Tours et les ports atlantiques de Nantes et de La Rochelle.
(2) Les CFF ont rouvert la section Délémont/Delle en 2009 et proposent déjà sur ce tronçon qui pénètre en France sur 1,6 km, une offre cadencée à l’heure avec 19 allers/retours quotidiens.
(3) Les travaux concernent la modernisation, voire la re- construction de la voie, la suppression de six passages à niveau et la sécurisation/amélioration de 12 autres, l’électrification de la ligne, la mise en place du GSM-R et d’une signalisation adaptée compatible avec celle de la Suisse et la création de six haltes.
(4) Dont dix CFF entre Delle et Belfort TGV et cinq SNCF de Belfort-Ville à Delle.
Bourgogne, d’autres opérations du CPER concernent essentiellement des mises en accessibilité PMR de quais et de gares (Belfort, Dôle, Lure, Montbéliard). S’ajoutent des études destinées à optimiser le projet de la section Est de la LGV Rhin-Rhône entre Petite-Croix et Mulhouse-Lutterbach (35 km) afin de présenter aux financeurs solli- cités (Etat, Régions et autres col- lectivités ) un projet moins coûteux.
Dans les deux régions, la Conven- tion TER couvre les années 2013- 2017. Elle devrait être adaptée et redimensionnée cette année, quitte à aboutir à l’harmonisation, voire à la fusion des CPER et des Conventions au moment des tra- ditionnels arbitrages de mi-CPER. z
MICHEL CHLASTACZ
(1) Si la région totalise moins de 5% de la population nationale, elle regroupe 17 % de la production et des effectifs industriels français. En grande partie
concentrés dans le pôle de Belfort-Montbéliard. (2) D’autant qu’au millier de kilomètres de lignes du réseau général disparues depuis 1938 et dont ne subsistent que les antennes fret s’ajoute l’effa- cement de 1800 km de chemins de fer départe- mentaux (dont plus de 250 km électrifiés) qui irri- guaient les régions rurales et montagnardes.
(3) Avec cette substitution de projets, les coûts totaux sont passés de trois milliards à un milliard d’euros.
(4) Equipement de signalisation permettant aux deux voies d’avoir la même capacité dans le sens classique comme à contre-sens. Les IPCS (Installations Permanentes de Contre-Sens) offrent moins de possibilités.
(5) Cette ligne joue un rôle périurbain de Besançon au Valdahon (650 voyageurs/jour).
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