Page 22 - MOBILITES MAGAZINE N°15
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                             Opérateurs & réseaux
     TROIS QUESTIONS À
Michel Loyat, vice-président en charge des déplacements
l’agglomération de Besançon a confié à Keolis la mission d’accroître l’attractivité des transports publics. Cette collectivité souhaite pour cela développer une complémentarité entre les modes : transports urbains, TeR, vélos et covoiturage. interview de Michel loyat, vice-président en charge de déplacements.
: quels sont les enjeux en matière de mobilité dans l’agglomération de Besançon ?
Michel Loyat : l’agglomération a la particularité d’avoir d’un côté une ville centre - Besançon - qui concentre la majorité de la population et de l’autre de nombreuses communes rurales, pour certaines très éloignées. il est donc indispensable de développer des modes complémentaires aux transports en commun. le réseau ginko dessert Besançon, tandis que les communes périurbaines le sont par des transporteurs locaux dans le cadre de contrats d’affrètement. Pour donner de la souplesse au système global de mobilité, il va falloir s’appuyer sur le train. notre territoire compte 16 gares et haltes ferroviaires, et nous avons instauré il y a quelques années une intégration tarifaire qui permet d’utiliser les TeR avec un titre urbain. Parallèlement, il va falloir développer les modes alternatifs à la voiture individuelle. JC Decaux opère les vélos en libre- service qui fonctionnent étonnamment bien. Dans le cadre du nouveau contrat de délégation de service public, il existe une option (que nous n’avons pas encore activée) pour proposer des vélos à assistance électrique en location moyenne et longue durée. notre objectif est de porter la part des déplacements réalisés à vélos de 3 à 6% d’ici 2025. enfin, Keolis le nouveau délégataire, devra mettre en place en 2019 un service de covoiturage de proximité.
: lors de la construction du tramway, inauguré en 2014, la fréquentation du réseau Ginko a baissé. Qu’en est-il aujourd’hui ?
M.L. : nous avons retrouvé en 2015 le niveau de fréquentation de 2011. aujourd’hui, ginko réalise 26 millions de voyages par an, dont 24,5 millions d’euros en secteur urbain. Ce trafic continu d’augmenter, même si nous sommes encore en deçà des prévisions car plusieurs projets d’aménagement urbain ont pris du retard. la baisse de fréquentation était liée aux travaux du tramway ainsi qu’aux grèves récurrentes qui ont impacté l’attractivité des transports en commun. autre problème : l’important taux d’absentéisme qui, ces dernières années ont atteint des pics à 10%. Ces éléments expliquent le déficit enregistré par Transdev, l’ancien délégataire. Cet opérateur avait surestimé les recettes commerciales et sous-estimé les charges. nous avons donc dû remettre 2,8 millions d’euros sur la table, mais les pertes de Transdev ont été bien supérieures à ce montant sur la durée de son contrat.
: c’est ce qui explique que vous avez attribué la nouvelle délégation de service public à Keolis ?
M.L. : les offres de Transdev et de Keolis étaient très travaillées et répondaient à notre cahier des charges. nous avons laissé beaucoup de temps et de liberté à ces opérateurs pour répondre à deux impératifs : accroître l’attractivité du réseau ginko et respecter notre contrainte financière. Keolis avait une ambition plus forte en termes de fréquentation et de recettes et des principes un peu plus affirmés en matière de hiérarchisation de l’offre et d’innovation. Keolis s’est aussi engagé à réduire le taux d’absentéisme, une intention qui reste bien sûr à confirmer. enfin, même si cet élément n’a pas été décisif, l’offre de Keolis est moins coûteuse pour la collectivité d’environ un million d’euros. aujourd’hui le montant de la subvention s’élève à 23,7 millions d’euros.
PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTINE CABIRON
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 qui se fait sur le réseau lyonnais », envisage-t-il.
Enfin, il y aura une nouvelle hié- rarchisation des lignes. L’attractivité du service de transport en commun dépend en grande partie de sa qualité et de la régularité. « Nous avons embauché une quinzaine de conducteurs pour améliorer la régularité qui avait été mise à mal lors du dernier contrat », annonce Laurent Sénécat. Elle dépend aussi des fréquences de passage. « Ici, nous pensons qu’au-delà des dix minutes, le choix du transport en commun n’est pas systématique, sauf en l’absence d’alternative », ajoute-t-il. D’où l’idée de concentrer les lignes périurbaines de façon à offrir des fréquences plus attrac- tives. Est également en gestation pour 2019, un service de vélo en libre-service, les Ginko-Vélos qui viendraient compléter celui déjà mis en place par JC Decaux, Vélo- cité, « vraisemblablement des vélos à assistance électrique pour des locations de longue durée ».
Un budget de 60,8 millions d’euros annuel
Le fonctionnement de la DSP du réseau Ginko est à régie de re- cettes. C’est-à-dire que l’exploitant perçoit les recettes et les reverse à l’autorité organisatrice. au- jourd’hui, sur un budget de celle- ci de 60,8 millions d’euros, les re- cettes sont majoritairement com- posées par le versement transport (au taux de 1,5%), à hauteur de 31,5 millions d’euros, les recettes tarifaires à hauteur de 11 millions d’euros (35% pour la billetterie et 65% pour les abonnements), le reste se répartit en subventions et divers. Quant aux coûts, Keolis Besançon revient à 36 millions d’euros, les autres exploitants de DSP, pour neuf millions d’euros et plus de dix millions d’euros sont consacrés aux investissements. z
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FRANÇOIS BÉLANGER
       











































































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