Page 12 - MOBILITES MAGAZINE N°11
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ploitation des lignes 29 et 30 des Cars du rhône, précédemment ex- ploités par le conseil général. en l'espèce, une seule de ces lignes (reliant le terminus Meyzieu Z.i à l'aéroport), créée en 2014, paraît légitimement en concurrence.
Les prétentions du concessionnaire sont une chose, l'attitude de l'Etat en est une autre.
il faut ici mentionner le comporte- ment ambigu des préfets qui se sont succédé sur ce dossier à la Préfecture du rhône : Jacques Gé- rault, dans ses attributions de contrôle de légalité des actes, signe la déclaration d'utilité publique le 10 juillet 2008, malgré un avis dé- favorable du Commissaire enquê- teur. Ce faisant, il donne satisfaction au conseil général, qui passe outre cet avis défavorable par un vote le 1er février 2008, arguant que « de- puis la loi 2002-276 du 27 février 2002 relative à la démocratie de proximité, le fait que les conclusions du commissaire enquêteur soient défavorables n’a plus d’incidence sur l’autorité compétente pour ren- dre la décision d’utilité publique ». Le choix de l'offre est entériné par le conseil général dès sa séance
du 15 décembre 2006, et la conces- sion est passée le 1er mars 2007 bien avant l'enquête préalable à la déclaration d'utilité publique !
Divergences et convergences d'intérêts
Le préfet Jean-François Carenco, à l'heure où les utilisateurs et la presse lyonnaise découvrent le prix prohibitif de rhônexpress, met de son côté un zèle tout particulier à empêcher toute forme de concur- rence contrariant de près ou de loin le concessionnaire. Les fonda- teurs de Go airport, malgré l'accord de la DreaL, l'ont appris à leur dé- pens, mais ils n'ont pas été les seuls. Les services de l'etat, entre 2010 et 2015, n'hésiteront pas à solliciter des enquêtes de l'admi-
3 « Chez le Préfet, on est toujours « invité ». Préfet et sous-Préfet font en fonction de leurs agendas, c'est aux maires de s'adapter. Mais le message était clair :
« tous les élus locaux devaient bien assurer leur contrôle de légalité sur la police foncière », confiera l'un de nos témoins interrogés pour cette enquête.
nistration fiscale, de l'inspection du travail, visites de la Direccte et enquêtes de concurrence ainsi que d'autres formes de pressions à l'égard des personnes physiques ou morales qui n'auront pas agi conformément aux vœux des élus ou sociétés concessionnaires.
Le préfet Michel Delpuech, suc- cesseur de Jean-François Carenco, n'hésitera pas, lui non plus, à exercer auprès d'exploitants privés et in- dépendants de parkings et élus locaux, diverses formes de rappels, pressions administratives de tous ordres (allant de « l'invitation( 3)» d'élus locaux à la multiplication de contrôles par divers services de l'etat, ou à la publication d'arrêtés préfectoraux limitant l'accès aux parkings(4) « dépose minute » de l'aéroport( 5)).
Quand le privé assume les risques, sans risques !
Dans le contrat avec rhônexpress, le conseil général a collectivisé les risques et charges, tout en privati- sant les revenus et les gains ! Un rapport remis au conseil général et rédigé par la mission Leslys (nom du projet initial) évoque « la mise en commun de l’infrastructure (14,5 km), qui représente près des
4 Arrêté préfectoral du 26 novembre 2015 référencé DDT SST 2015 11 26 01, en particulier l'article 14.2.1.1 relatif aux zones réservées à l'arrêt des véhicules (« dépose minute ») .
5 Dans le Contrat de Régulation Econo- mique, au chapitre 7.1.2.2 « Redevances parking à voitures », il est détaillé « le chif- fre d'affaires progres- serait avec un taux de croissance moyenne annuelle de 5,8% pour atteindre 40,1 millions d'euros en 2019 ».
QUAND LYON SE PREND POUR LONDRES...
Un des arguments de Rhônexpress, quant à ses
tarifs, est de dire qu'ils « sont dans la moyenne européenne » (sic). Un regard sur la revue Traveller de la compagnie easyJet est intéressant : toutes les villes et bases aéroportuaires desservies y font l'objet d'une présentation incluant le prix de la desserte de l'aéroport vers le centre-ville. et contrairement aux assertions de Rhônexpress, la liaison lyon saint exupéry est bien parmi les plus coûteuses d’europe. seules, celles de stockholm via l'arlanda express, ou londres (Heathrow, gatwick ou stansted) parviennent à être plus chères ! en France, Rhônexpress détient un triste record : rapportée au kilomètre parcouru (les 7,1 km de voies qui lui sont concédées en propre), la facture explose littéralement (2,27 euros/km/passager pour un aller simple acheté sur un automate, voire 2,84 euros/km pour un billet acheté en espèces à bord).
bien sûr, comme la snCF le fait avec ses oUigo, Rhônex- press met en avant des tarifs réduits pour ceux qui achètent leurs billets deux mois à l'avance sur internet. Mais la réalité des salariés ou des gens débarquant à l'aéroport est dure nancièrement. seuls les enfants de moins de 12 ans ont la gratuité totale, et les billets achetés à bord subissent un supplément de quatre euros. les salariés travaillant sur le site de saint-exupéry payent 126,80 euros pour leur abonnement mensuel, en plus de l'éventuel abonnement tCl !
Pas sûr qu'avec cette réputation Rhônexpress « contribuera au développement de l’image de la métropole lyonnaise », comme le déclarait la Mission lesly dans son rapport au conseil général.
ou s'il le fait, ce n'est peut-être pas dans le sens espéré par les élus et l'of ce du tourisme de la métropole !
12 - Mobilités Magazine 11 - Janvier 2018