Page 13 - MOBILITES MAGAZINE N°11
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                  ANALYSE / Rhônexpress t
         deux tiers du parcours Lyon-aéro- port (23 km au total), jouant un rôle fondamental dans la faisabilité d’un tel projet ». Sans la ligne de tramway T3 (financée par la col- lectivité - en l'espèce le Sytral - jamais Leslys n'aurait pu attirer les investisseurs privés !
et les garanties financières sont avantageuses pour rhônexpress : en particulier l'engagement irré- vocable du partenaire public de verser aux prêteurs la subvention forfaitaire annuelle prévue au cours de la période d'exploitation(6). Ceci permet une sécurisation maximale de l'endettement de la société, qui n'a plus à subir comme risque que les aléas de recettes. C'est sur ce point précis que la Chambre régio- nale des comptes de rhône-alpes, dans son avis n°2007-222 - séance du 5 juillet 2007, trouve à redire : « considérant qu'il ressort de ce qui précède que l'intégralité du coût de l'investissement est sup- porté in fine par la collectivité ». Dans ses motifs, la Chambre réunie en formation plénière, à l'article 3 « constate que si le délégataire prend à son compte les risques d'exploitation de service, il ne sup- porte en revanche aucune charge d'investissement ; que dès lors la durée de trente ans du contrat n'est pas justifiée ».
Une bonne affaire, mais pour qui ?
Le conseil général avait prévu un dispositif de redistribution dans le cas où le cumul des excédents bruts annuels d'exploitation serait 5% supérieur à celui prévu dans l'estimation contractuelle, ou bien dans le cas où le trafic serait su- périeur à l'estimation moyenne prévisionnelle et/ou le résultat d'exploitation serait positif. Cela repose sur une estimation de trafic de la Semaly, datée du 9 juin 2006 (aujourd'hui intégrée au groupe egis rail). Une estimation lacunaire,
de l'aveu même de ses auteurs : « en raison des délais très courts, une méthode simple d'estimation a été mise en œuvre. Elle consiste à déterminer l'évolution des parts modales actuelles à la suite de la mise en place du projet. L'effet Leslys est dû à l'image du mode [tramway, ndlr] et aux gains de temps engendrés. En plus de ce- lui-ci, l'estimation de clientèle prend en compte une augmentation de la congestion [routière, ndlr] ». Les approximations sont nombreuses, ainsi : « la tarification Satobus en cours est appliquée au projet Leslys. Hypothèses de croissance : [selon la CCi de Lyon, ndlr] le trafic de l'aéroport (hors transit) devrait at-
6 Article 24.2 du contrat de concession Leslys du 1er mars 2007:«en complément de la subvention initiale définie à l'article 24.1, le concédant s'engage à verser au concessionnaire une subvention forfaitaire annuelle (SFA) égale cent pour cent (100%) des sommes dûes par la société concessionnaire au titre du crédit sans recours (remboursement du principal plus intérêts hors frais et commissions) ».
teindre le nombre de 8,639 millions
de voyageurs en 2009, et 14 mil- lions en 2020 (...) ».
Dans le contrat de régulation éco- nomique d'aéroports de Lyon, le seuil de neuf millions n'était atteint qu'en... 2016 ! et en 2019, le ges- tionnaire espère atteindre celui des
dix millions. Malgré ce décalage,
et des tarifs prohibitifs (voir encadré) 1,283 764 million de passagers sont revendiqués par rhônexpress. On
est presque au seuil des 1,324 mil-
lion de voyageurs estimés par la Semaly pour... 2024 ! encore heu- reux pour le concédant, car le contrat prévoit dans son article
36.1 la révision des tarifs ou de la durée de concession si « le nombre u
 Le dernier règlement adopté par
la Préfecture du Rhône vise clairement à empêcher les opérateurs de parkings privés et
les chauffeurs Uber d'accéder
à l'aéroport.
AÉROPORT LYON-SAINT EXUPÉRY ET RHÔNEXPRESS : UN CONTRÔLE TOTAL
Des élus locaux, des exploitants indépendants de parkings privés et d'autres observateurs
de l'administration le relèvent : on ne peut pas dissocier l'aéroport et ses accès en transports en commun. Un rapprochement opérationnel mais aussi capitalistique !
« Les transports et les parkings, tout est lié » con e, à propos de l'aéroport de lyon et de Rhô- nexpress Daniel Valéro, maire de genas et président de la Communauté de Communes de l'est lyonnais. C'est certainement le même raisonnement qu'a tenu le préfet Michel Delpuech, suc- cesseur de Jean-François Carenco, qui n'hésitera pas à exercer auprès d'exploitants privés et indépendants de parkings ou d'élus locaux, diverses formes de rappels ou pressions sur ce dossier. C'est aussi lui qui a, dans ses fonctions de représentant de l'etat, validé le Contrat de Régulation economique d'aéroports de lyon pour la période 2015 à 2019.
Défendre les sources de revenus d'aéroports de lyon permet assurément à l'etat de valoriser son patrimoine à la veille de la privatisation. Celle-ci interviendra à l'été 2016 au béné ce d'un groupe d'investisseurs comprenant Vinci airports, la Caisse des Dépôts et Consignations et le Crédit agricole, les mêmes groupes  nanciers actionnaires ou prêteurs de Rhônexpress !
le paradoxe est que dans le document présentant le Contrat de Régulation economique, le gestionnaire (à l'époque encore à capitaux publics) se félicite des lignes d'autobus desservant la plateforme : « les dessertes en transports collectifs ont également été optimisées avec la mise en place par le conseil général du Rhône d'un service régulier de bus vers les cinq communes riveraines »...
    Mobilités Magazine 11 - Janvier 2018 - 13









































































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