Page 42 - MOBILITES MAGAZINE N10
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Politiques & institutions
opérateurs, comme semble l’avoir fait Flixbus à Lyon Perrache récemment ? M.S./J-S.B. : le problème des gares routières est clairement le grand sujet ! Sans doute la « mère des batailles » pour le développement des SLO. En revanche, pour l’instant, nous ne pensons pas que la prise en charge du coût de ces dernières par les opérateurs soit possible. La question du financement de ces infrastructures, même mo- destes, doit se poser aux donneurs d’ordres, les régions en l’occurrence. Aujourd’hui, les utilisateurs sou- haitent plus que tout une fluidité dans les transports, tandis que la mobilité ne s’organise plus seule- ment autour de la desserte ferro- viaire. Logiquement, il faudra donc développer de nouveaux pôles d’échanges, mais ces réflexions doivent être menées par les ré- gions, en fonction de leurs besoins.
: on en arrive naturellement à la transition
énergétique en cours. La FNTV apparaît très engagée en faveur d’une solution gaz, pensez-vous qu’elle soit à même de remplacer totalement le diesel, et si oui, à quelle échéance ? M.S./J-S.B. : la FNTV est d’abord à la recherche d’une solution pé- renne. Il semble clair que nous nous dirigeons vers un mix-éner- gétique en fonction des zones d’activité, et des demandes de nos donneurs d’ordres. Nous voyons bien que nos métiers vont prendre d’autres chemins que ceux que nous connaissions jusqu’alors. Dans ce contexte, et parce que nous ne pouvons emprunter une voie que nous pourrions regretter à termes, la FNTV s’engage sur le conseil avec les différents acteurs. Ce que nous constatons à ce jour, c’est que le problème principal n’est sans doute pas le coût des
véhicules, il sera amené à baisser en fonction du développement des filières. Le vrai sujet est celui des infrastructures de distribution, qu’il s’agisse de gaz ou d’électricité. Les investissements prévisibles sont à la fois essentiels, très im- portants, et en grande partie du ressort des collectivités et de l’Etat. Cependant, là encore, au niveau des entreprises, il faudra sans doute songer à mutualiser, no- tamment avec nos collègues des marchandises, qui sont eux-aussi directement impactés par cette évolution. Enfin, nos élus doivent aussi impérativement se départir d’une quelconque obsession ca- lendaire, car se posera alors pour nous le problème des véhicules d’occasion, ce qui pourrait être un drame pour nombre d’entreprises.
: se pose aussi la question du tourisme en
autocar de longue distance, et de son entrée dans les villes qui, à échéance, interdiront le diesel, comment régler ce problème ?
M.S./J-S.B. : pour nous, il faut in- tégrer l’autocar de tourisme dans les villes comme un moyen de
NOUS ALLONS AVOIR UN GROS TRAVAIL DE CLARIFICATION DE LA NATURE DES METIERS QUI COMPOSENT NOTRE SECTEUR.
transport collectif à part entière. A Paris par exemple, le report que nous avons obtenu de 2020 à 2024 va nous permettre de remettre sur la table toutes les probléma- tiques, et de faire valoir que ce car entre dans l’offre de mobilité, il y en a 1000 chaque jour dans la ca- pitale ! Enfin, d’ici là, le parc aura évolué dans le bon sens voulu par les élus. Plus embêtant pour ce tourisme particulier nous paraît être aujourd’hui le développement des taxes dans certaines des villes européennes les plus fréquentées. Les tarifs deviennent parfois pro- hibitifs, et grèvent l’économie de cette activité...
: l’accent mis aujourd’hui sur
l’apprentissage par le gouvernement peut-il avoir un impact sur le recrutement dans les entreprises ? Le serpent de mer du permis à 18 ans sous conditions va-t-il refaire surface ?
M.S./J-S.B. : le combat sera difficile, mais nous pouvons d’ores et déjà mettre en avant le fait que nos conducteurs sont mieux formés qu’ailleurs. Il faudra obtenir à termes que ce qui est possible dans le marchandise le soit dans le voya- geur. Quant aux problèmes de re- crutement que rencontrent tous les secteurs du transport, il n’est pas seulement lié à la rémunéra- tion. Nous pâtissons, par exemple, du temps partiel contraint, qui est lié à la nature même de notre ac- tivité, et n’est guère attractif. Le coût du permis de conduire est aussi un frein.
Quoi qu’il en soit, nous aurons un gros travail de clarification de la nature des métiers qui composent notre secteur, car ceux-ci ont évo- lué et nous imposent une approche différente de la qualification de nos personnels. z
PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE COSSARD
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42 - MOBILITÉS MAGAZINE 10 - DECEMBRE 2017
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