Page 9 - MOBILITES MAGAZINE N10

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LYON
Navya avance à grand pas
Présentée dès 2013 en avant-première mondiale à Lyon, Navya vient de pré- senter avec ses partenaires, le Sytral, Keolis et la Métropole, un premier bilan après un peu plus d’un an d’expérimentation de la navette électrique au- tonome Navly.
Depuis le 2 septembre 2016, deux navettes circulent en ro- tation du lundi au samedi, de 7h30 à 19h30, entre une sta- tion du tramway T1 et la pointe de la confluence, soit 1,3 kilo- mètre pour cinq arrêts. Cha- cune d’elles offre 11 places assises pour une capacité maximale de 15 personnes. Depuis son lancement, la fré- quentation se situe à 22 000 passagers, « sans aucun inci- dent majeur », confirme Pascal Jacquesson, directeur général de Keolis Lyon. Et c’est un
succès de curiosité : « nous avons reçu la visite de 70 dé- légations, dont deux tiers d’étrangères », se félicitent Pascal Jacquesson et Chris- tophe Sapet, le patron de Na- vya, concepteur et construc- teur villeurbannais.
Sa société a déjà levé 30 mil- lions d’euros, il y a un an, pour accélérer le développe- ment de ce véhicule innovant. Une cinquantaine d’exem- plaires est déjà déployée sur
une quarantaine de sites, et les projets fleurissent. De nombreuses implantions sont programmées ou à l’étude pour Navya, avec Keolis ou d’autres opérateurs.
On parle de bordeaux, Cham- béry, Annecy, et prochaine- ment Atlanta, Montréal puis le Royaume-Uni, la Norvège, la Suède, la belgique et l'Aus- tralie. Dans quelques se- maines, Navya va même être insérée dans la circulation à
Las Vegas. Pour répondre à cet engouement, il est prévu la construction d’un second site de production, dans le Michigan (Etats-Unis) et l’agrandissement de l’actuel, à Vénissieux.
Pour autant, Navya est per- fectible, en matière de frei- nage, de climatisation, de vi- tesse... Il lui faut une infra- structure routière communi- cante afin de confronter idéa- lement la navette à la circula- tion, aux croisements et aux feux tricolores. C’est ce qu’a démontré l’expérience lyon- naise, alors qu’une demande de prolongation de l’autorisa- tion de rouler a été déposée pour 2018, à Lyon. Mais l’enjeu est d’aller au-delà. Enfin, une nouvelle levée de fond pourrait être envisagée. z
J-F.B.
LECTURE
Dévitalisation des centres urbains :
la France a-t-elle “tué ses villes” ?
Olivier Razemon, qui a écrit de nombreux ouvrages sur les transports, l’urbanisme et les modes de vie, réédite une version revue et aug- mentée de son ouvrage Com- ment la France a tué ses villes, qui avait servi de fil conduc- teur à une séquence de l’émis- sion télévisée Envoyé Spécial, sur France 2, en mai dernier. La désertification commerciale, le recul démographique comme la perte des emplois dans les centres de nom- breuses villes moyennes ont pour raison essentielle l’ex-
tension infinie des zones com- merciales périphériques do- minées par la grande distri- bution. L’automobile a égale- ment contribué à l’asphyxie des centres, en occupant dé- mesurément l’espace urbain dense : quand la politique du « tout-voiture » n’a pas éven- tré les villes en cédant au sempiternel « on ne peut plus se garer », elle a favorisé le transfert massif d’activités commerciales, d’habitations et d’emplois en périphérie(s). L’auteur préconise une poli- tique de la ville et des trans-
ports rompant avec cette spi- rale infernale. Outre « valori- ser » les lignes ferroviaires [de pénétration urbaine] et les transports publics en gé- néral, il propose de profiter de la décentralisation et de la dépénalisation du stationne- ment payant pour « favoriser [dans 800 communes concer- nées] la rotation des véhicules et de réapproprier l’espace public ». z
M.C.
Olivier Razemon. « Comment la France a tué ses villes », Editions Rue de l’Echiquier 2017-216pages-14x21cm-18euros.
moBILITéS mAgAzIne 10 - DECEMbRE 2017 - 9