Page 41 - MOBILITES MAGAZINE N°5
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Technologies & innovations
les dissocier ?
industrielle). En revanche, ces huiles ont l'avantage de contenir très peu de poly-aromatiques et d'être exemptes de soufre, deux pré- curseurs de particules et d'autres toxiques (comme les oxydes de soufre).
Manger ou rouler,
faudra-t-il choisir ?
Mais ils entrent en concurrence avec les productions alimentaires, ce qui pose la question du choix : un point rappelé dans une étude de l'IFP-Energies Nouvelles en 2016 : « Du côté du biodiesel, les limites de déploiement des surfaces de cultures oléagineuses sont proches d'être atteintes. Avec déjà plus de la moitié des surfaces de colza aujourd'hui mobilisées pour le débouché énergie, on assiste aux limites de développement de la filière(1). L'Union européenne a décidé de valoriser à l'inverse les ressources issues de déchets (graisses animales, huiles) suivant un facteur 2 dans son objectif d'in- tégration de carburants d'origine non-fossile. A l'heure actuelle, tous les gazoles vendus en France contiennent de 7 à 8% en volume d'huiles FAME. L'apparition de pro- cédés de « seconde génération » permet d'utiliser d'autres bases végétales non alimentaires : paille, résidus agricoles, chutes de bois, etc. Seul souci : ces ressources ne sont aujourd'hui directement ex- ploitables que pour la production d'éthanol. Le gazole non-pétrolier, s'il veut se développer, doit utiliser d'autres filières : en laboratoire, les travaux portent sur les micro- algues ou les levures. Mais la pro- duction à l'échelle industrielle, avec
des critères de stabilité chimique du produit fini garantissant une homologation en bonne et due forme, sont ici loin d'être atteints. D'autres procédés de production de bio-gazole s'approchent de la phase industrielle. Ainsi le pro- gramme BioTfuel(2) ambitionne la production à partir de 2020 sur le site de la raffinerie des Flandres près de Dunkerque (ex-site Total) d'un gazole de synthèse « bio- sourcé » de seconde génération. Mais le procédé est complexe. En partant de ressources de seconde génération (résidus agricoles, chutes de bois, de paille) torréfiées et réduites en poudre, puis asso- ciées éventuellement en raffinerie à des produits issus de charges fossiles pour s'adapter à la sai- sonnalité des « gisements verts » (procédé dit de co-traitement), on peut produire un gazole de syn- thèse par voie thermo-chimique.
Les gazoles de synthèse à base d'huiles végétales hydrogénées, ou HVO, commencent à être produits en France, Total prévoyant une unité de production de ce produit à la raffinerie de La Mède (Bouches- du-Rhône).
T
Le principe est de transformer ce produit en gaz (hydrogène et mo- noxyde de carbone essentielle- ment) à de très fortes conditions de pression et températures (1200c° à 1600c°), puis d'utiliser une conversion suivant le procédé Fischer-Tropsch (procédé connu dès la Seconde Guerre mondiale et exploité industriellement par le IIIe Reich). Cela permet de produire des gazoles et kérosène de syn- thèse de très haute qualité, direc- tement homologables pour les moteurs d'avion et industriels. Ils sont également exempts de soufre, de composés aromatiques poly- cycliques, et contribuent donc à la réduction des émissions polluantes (particules et composés soufrés) lors de la combustion.
En outre, leur indice de cétane très élevé contribue à une bonne inflammation du mélange dans la chambre de combustion. Ceci a
MOBILITÉS MAGAZINE 05 - JUIN 2017 - 41