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Les cinq enfants d'Hidalgo...
Qui connaît trois mots d'espagnol le dira : "el Grito de Dolores" si- gni e "le cri de douleur". Oui et non, car Dolores est une bourgade de l'état du Guanajuato, 300 km au nord-ouest de Mexico. Sur le parvis de l'église de Notre-Dame- des-Douleurs, qui donne son nom à la ville, se dresse la statue d'un prêtre chauve : le 15 sep- tembre 1810, le padre Miguel Hi- dalgo grimpe au clocher et hurle à la foule assemblée : "A bas le mauvais régime !" Quel régime ? Au cours de ses conquêtes, Na- poléon avait attribué la couronne d'Espagne à son frère Joseph. En Nouvelle-Espagne, petits no- tables et grands bourgeois refu- sent cette usurpation : le cri de Dolores est le signal de la rébel- lion, occasion d'échapper aux exigences des percepteurs de Madrid. "Grito de Dolores" se ré- fère donc à la cité, qui en honneur de son curé de choc est devenue Dolores Hidalgo.
Surnommé « Zorro » (!), c'est-à- dire Le Renard, Hidalgo se lance avec autant d'ardeur dans la ré- volte que dans l'élevage du verre à soie et... la puériculture, car le pieux ecclésiastique a cinq en- fants ! Un fait courant, du reste, dans les colonies hispaniques, mais pressentant en lui un contes- tataire, l'Eglise lui fait procès de sa trop bonne santé, l'accusant de monnayer les lueurs de l'ab- solution contre des feux... moins théologiques !
Quittant Dolores Hidalgo, on fait halte à San Miguel de Allende. Rien à voir avec le président chi- lien : Ignacio Allende est juste un autre agitateur, dont on visite ici la maison natale. En 1811, parti chercher aux Etats-Unis des fusils pour les troupes d'Hidalgo, le séditieux est intercepté par
1 En cet endroit fut fusilĺe Maximilien, empereur fugace du Mexique.
2 Les mines d'argent
de Guanajuato. 3 Culture d'agave pour le tequila... ̀a Tequila.
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4 questions à...
Antoine Balaguer,
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78 - VOYAGES & GROUPE 02 - MARS 2017
AB Destinations & Tourism, expert de l’Amérique latine
Voyages & groupe : en tant que consultant, vous orientez
parfois les professionnels du groupe au Mexique,
comment voyez-vous ce marché ?
Antoine Balaguer : les groupes font soit le circuit Mexique classique avec Mexico, Oaxaca et la Riviera Maya, soit celui des villes coloniales. Combiner les deux serait trop long, et
donc assez rare aujourd'hui.
V&G : le circuit colonial, un bon choix ?
A.B. : excellent. Mexico est une formidable plaque tournante, avec le must des pyramides de Teotihuacan, mais aussi le shopping, le choix entre restaurants très modernes ou de style colonial... Le point fort reste San Miguel de Allende et Morelia avec leurs jolies architectures, leurs rues pavées...
V&G : la sécurité est souvent un frein aux voyages au Mexique...
A.B. : nous sommes en Amérique latine, avec les narcos, etc. Il faut être un peu prudent... Mais comme partout ! Car à moins d'aller dans certains quartiers périphériques, Mexico ne présente aucun danger. Quant aux autres cités coloniales, une anecdote : les Mexicains, désormais réticents à se marier à Acapulco, vont à San Miguel, bien plus sûre, au point qu'à cause des mariages, les prix doublent : il y a donc un tarif semaine et un tarif week-end !
V&G : l'hôtellerie présente des difficultés ?
A.B. : oui. Par la taille des établissements des villes coloniales, où c'est le "boutique" qui a le vent en poupe. Les groupes doivent souvent loger à l'extérieur ou se scinder entre deux établissements. L'autre casse-tête est que les Français aiment terminer sur une journée de balnéaire, quand beaucoup de resorts sont réticents à vendre moins d'une semaine.
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