Page 37 - MOBILITES MAGAZINE N°21
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                  Politiques & institutions
 covoiturage que l’on vante régu- lièrement, explique Stéphane Schultz, il y a la réalité des chiffres. Il y a eu 25000 covoiturages en Ile-de-France en 2017, sur une population de 12 millions d’habi- tants. Quant à l’autopartage, il concerne pour l’essentiel des ur- bains, CSP +, et encore, moins de 20 000 personnes ont été concer- nées par ce système l’an passé... ». Et de conclure qu’il ne s’agit pour l’instant que de marchés de niche. Autre point important, toutes ces nouvelles mobilités sont pour l’es- sentiel portées par des entreprises privées et, comme le précise Guy Le bras, directeur général du GArT : « toutes ces start-up semblent pour l’instant avoir plus besoin de coopérer avec les gestionnaires de voiries qu’avec les autorités organisatrices de transport ». Il n’empêche, face à la multiplication des accords de partenariat entre certains grands opérateurs et ces mêmes start-up, Guy Le bras, qui les considère plutôt comme concurrentes des transports publics que de la voiture individuelle, es- time que cet essor « doit être structuré et conservé dans les mains de certaines autorités, no- tamment en ce qui concerne le stockage et l’utilisation des don- nées. L’Arafer pouvant dans ce cas jouer le rôle de régulateur ». Quant à Jean-Luc rigaut, président
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Jean-Luc Rigaut, président d’Agir
d’Agir, qui se proclame partisan de l’incitation plutôt que de l’in- terdiction, il demande « un droit à l’expérimentation sur les territoires, milite pour que la gestion de l’es- pace publique et de son partage reste entre les mains des collec- tivités locales, et souhaite un dé- veloppement du concept de li- cence accordées aux nouvelles mobilités, notamment pour le
loppement des véhicules auto- nomes. Au-delà des évolutions technologiques et de leur validité, il est encore difficile de bien com- prendre l’impact sociétal réel du véhicule autonome. De même que personne ne sait vraiment comment il fera évoluer le marché de l’emploi ». On l’aura compris, la personne qui est en charge du dossier des véhicules autonomes au sommet de l’Etat, loin d’en faire une promotion à tout va au nom du « modernisme », réclame une prise de hauteur.
« De nombreuses questions éthiques se posent aujourd’hui, poursuit-elle. Notamment en ma- tière de sécurité de l’humain. En cas d’accident, le véhicule doit-il choisir de préserver ses passagers, ou le piéton ? Plus profondément encore, entre une femme enceinte et un enfant, qui doit-il éviter ? Vu la complexité de ce type de sujets, sans doute nous dirigeons- nous vers l’idée du non choix, mais l’ensemble de ces problèmes éthiques doit être posé ».
Dans un même registre, elle alerte sur la problématique de l’usage des données, indissociable du dé- veloppement de l’autonomie. « Les données deviennent aujourd’hui le nerf de la guerre, aussi bien technologique qu’économique », explique ainsi Anne-Marie Idrac. Pour elle, la LOM aujourd’hui en gestation est aussi une loi sur les données. Non seulement elle devra permettre de classer ces dernières en différentes catégories, mais elle fournira aussi les outils et le cadre permettant d’y accéder. « Et là encore, conclue-t-elle, le débat est loin d’être terminé, car, toujours sur le plan éthique, se pose clai- rement la question de la protection de la vie privée... ».
rendez-vous en 2019, les 26 et 27 juin, cette fois à Poitiers. z
JEAN-PHILIPPE PASTRE PIERRE COSSARD
 free-floating... ». termes : nouvelles anarchie non !
En d’autres
Patience pour le véhicule autonome
Comme pour les débats précédents, celui portant sur le véhicule auto- nome a su éviter le triomphalisme béat, comme l’opposition systé- matique. « Nous devons nous donner du temps, professe ainsi Anne-Marie Idrac, Haute respon- sable pour la stratégie du déve-
mobilités
oui,
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