Page 82 - MOBILITES MAGAZINE N°3
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                 Technologies & innovations
    pas été encore dévoilées par l’Etat. N’oublions qu’un projet similaire avait vu le jour en 2005, déjà dans le Zhejiang, mais que l’investisseur privé avait rapidement cédé ses parts à l’Etat.
A la conquête du monde
Quoi qu’il en soit, le réseau est voué à s’étendre, pour le plus grand bonheur des constructeurs de lignes China railway Construc- tion Corp et China railway Group Ltd. Fort de l’expérience acquise sur le territoire nationale et des gains qu’ils y engrangent, ils ex- portent de plus en plus leur sa- voir-faire à l’étranger, en partenariat avec China railway Corp pour l’ex- ploitation. Des succès commerciaux facilités par le soutien financier du gouvernement chinois. La China Development Bank apporte ainsi 75% des 4,6 milliards d’euros d’in- vestissement nécessaire à la construction d’une ligne à grande vitesse de 142 km entre Djakarta et la troisième ville indonésienne, Bandung. Un projet que le gou- vernement indonésien a, en juillet dernier, attribué à un consortium chinois chapeauté par China rail- way Corp. Fin décembre, les mêmes entreprises ont débuté à Luang Prabang, au Laos, les travaux de la future ligne à grande vitesse Kunming-vientiane, dont le coût est estimé à 40 milliards de Yuan (5,4 milliards d’euros) rien que pour la partie laotienne longue de 414 km. Là encore, 70% du finan- cement est assuré par la Chine. Une liaison jugée rentable par ses instigateurs, qui prévoient que deux millions de touristes chinois l’emprunteront chaque année, car un raccordement est prévu avec le réseau thaïlandais pour la pro- longer jusqu’à Bangkok et Singa- pour. Deux projets pour lesquels les entreprises chinoises sont en lice et bien placées, comme en Inde. La Chine a par ailleurs parti-
cipé à la construction de la ligne à grande vitesse Istambul-Ankara et fournira le matériel roulant de la future ligne à grande vitesse de 770 km entre Moscou et Kazan. Il faut ajouter à cela les lignes clas- siques construites en Afrique, en Angola, au Nigeria, au Soudan et pour la dernière en date celle reliant Addis Abeba à Djibouti. Tou- jours avec des financements chi- nois et d’autres projets devraient se réaliser au Malawi, en Zambie, au Kenya...
Avis de forte concurrence pour Alstom
L’autre grand gagnant de la poli- tique chinoise en faveur du rail est le fabricant de matériel roulant CrrC Corporation Limited, né en 2015 de la fusion des anciens rivaux CSr Corp and CNr Corp. Une opération voulue par l’Etat pour éviter toute concurrence fra- tricide sur les marchés étrangers. Possédant des filiales et joint-ven- ture dans 21 pays, il a réalisé en 2015 pour 26,57 milliards de yuan (3,58 milliards d’euros) de ventes à l’étranger, soit 7% de son chiffre d’affaires. Un chiffre qui était en hausse de 126% sur les six premiers mois de 2016. Et l’entreprise veut porter la part de l’export à 35% de son CA d’ici 2025. Une ambition loin d’être irréaliste, car ses succès ne se cantonnent plus à l’Afrique ou l’Asie où CrrC a, par exemple, remporté des appels d’offres pour des locomotives au Kenya ainsi que des rames de métro en Inde et en Thaïlande. Fin 2014 et en janvier 2017, l’entreprise a été choi- sie pour fournir 284, puis 134 voi- tures de métro au Boston Transit System, lesquelles seront produites dans une usine en construction à East Springfield et livrées à partir de 2018. L’an passé, elle a aussi engrangé une commande de 1,2 milliard d’euros pour livrer à partir de 2020 quelque 846 voitures au
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Le Panda, premier train à grand vitesse au monde équipé de couchettes transformables en sièges.
métro de Chicago. Elle a, en outre, enregistré en décembre son pre- mier succès dans l’Union euro- péenne, avec la vente pour un montant de 20 millions d’euros de trois rames de train à grande vi- tesse EMU à la compagnie ferro- viaire tchèque Leo Express. Enfin, à l’automne, CrrC a signé un accord avec Bombardier pour une coopé- ration plus étroite permettant de répondre en commun à des appels d’offres internationaux. Les fabri- cants européens et japonais de matériels ferroviaires ont donc du souci à se faire, d’autant que l’en- treprise investit largement dans la recherche, et bénéficie du soutien financier du gouvernement qui lui transfère en outre les découvertes des instituts de recherche d’Etat.
Investissements dans la recherche
Il est fini le temps où les trains à grande vitesse chinois reposaient
 82 - MOBILITÉS MAGAZINE 03 - AvrIL 2017
 





















































































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