Page 22 - Voyages & groupe N°9
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Le GIR prendra-t-il le pas sur le groupe constitué ?
>MAP Pro L’individualisme ambiant modifie les comportements en matière de voyages. La vogue grandissante du GIr par rapport aux groupes constitués condamne-t-elle ces derniers ? La question a été posée lors d’un débat.
Pourquoi s’intéresser au de- venir des groupes consti- tués ? Parce que cette clien-
tèle traditionnelle est en perte de vitesse. La notion d’indivi- dualisme, en matière touristique, a progressivement provoqué l’en- gouement des professionnels du tourisme en faveur du GIR. Si les groupes constitués ont une ori- gine aussi ancienne que l’activité touristique, c’est l’autocar, avec une prise en charge de la clientèle au plus proche et un achemine- ment jusqu’à la destination nale qui en a été le promoteur. Au- jourd’hui, « les autocaristes fran- çais réalisent 70% de leur activité dans le transport, 30% dans le tourisme », indique Cyril Barbier, président de la commission tou- risme à la FNTV. Une situation qui n’est cependant pas homo- gène. « Chez nous, la proportion est inverse, 70 % de notre activité provient du tourisme et 30 % du transport », glisse Olivier Bonvarlet, responsable du service groupe autocars chez Mariot Voyages... « L’origine du voyage en groupe constitué, à une époque où les Français n’avaient pas tous le permis de conduire, était liée à des déplacements à motifs reli- gieux... qui ont progressivement disparus, poursuit Cyril Darbier. Aujourd’hui, le voyage en groupe peut être perçu comme contrai- gnant, alors qu’en individuel, il est synonyme de liberté. C’est à nous de changer cette vision. Nous devons instiller dans l’esprit des gens que partir en groupe peut être compatible avec une certaine liberté, que ce soit dans le choix des hôtels ou d’activités ».
Et Olivier Bonvarlet de renchérir : « il ne faut pas opposer les groupes constitués au GIR, mais développer des produits pour ces clientèles. Nous devons nous adapter, proposer des brochures et des produits pour chacune de ces niches ».
Les prestataires groupes se sont, eux aussi, adaptés à ces évolu- tions. A l’exemple du ZooParc de Beauval. Stéphanie Neuer, di- rectrice commerciale : « la clien- tèle groupe représente environ 10% de notre fréquentation et elle est stable. Nous sommes équipés pour satisfaire au mieux tous les pro ls de clients, qu’ils soient individuels, GIR et groupes constitués. Mais pour chacune, nous observons l’attente d’un accueil et d’une prise en charge davantage personnalisée que par le passé. C’est pour cela que nous devons faire preuve de sou- plesse et de flexibilité ».
C’est un peu le même discours que tient Stéphane Barrand, di- recteur général de la Société Eu- ropéenne d’Hôtellerie (SEH). « L’essentiel est de s’adapter à la clientèle quelle qu’elle soit. Nous, nous avons choisi des par- tenariats avec certaines cibles comme la Fédération de la Ran- donnée. Ces groupes ont des at-
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A g. : Cyril Barbier, président de la commission Tourisme de la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV), Olivier Bonvarlet, responsable du service groupe autocars chez Mariot Voyages, Stéphanie Neuer, directrice commerciale du ZooParc de Beauval et Stéphane Barrand, directeur général de la Société Européenne d’Hôtellerie (SEH).
tentes spéci ques. Groupes constitués ou GIR, l’essentiel pour l’hôtelier est d’apporter de l’hu- main dans l’accueil et une bonne connaissance du territoire où il est implanté ». C’est aussi « être pro-actifs pour proposer de nou- velles thématiques ».
Face à un marché mutant, les pratiques ont été bousculées. Olivier Bonvarlet constate que les Cars Macron sont venus in- fluencer le secteur. « Nous avons dû monter en gamme». Avec une loi qui a eu pour e et « de dérin- gardiser auprès de la jeune gé- nération le voyage en autocar ». Groupes constitués ou GIR? Il n’y a pas à faire une véritable oppo- sition , mais davantage une com- plémentarité. « Nous ne nous adressons pas à la même cible, et veillons à ne pas proposer aux aux décideurs groupe des o res conçues pour des individuels. En revanche, un produit qui fonc- tionne pour un groupe peut servir ensuite pour des individuels », martèle Olivier Bonvarlet.
Le groupe constitué serait le la- boratoire pour les programmes GIR. L’évolution ne s’arrêtera pas là. Avec le recours grandissant aux réseaux sociaux commencent à se constituer des groupes 2.0. Ce sont peut-être eux qui vont servir de détonateur pour explorer des secteurs sous-exploités. « Les groupes vont de plus en plus se fédérer via les moyens de com- munication modernes, conclut Cyril Darbier. Nous parlerons alors de groupes a nitaires comme d’une simple évolution du groupe constitué ». z
JEAN-FRANÇOIS BÉLANGER
22 - Voyages & groupe 09 - NoVeMbre 2017
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