Page 12 - MOBILITES MAGAZINE N°33

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a niort : Hausse De la fréquentation De 28 % en Deux ans
Niort a été la 1ère agglo de plus de 100 000 habitants à opter pour la gratuité des transports publics. Cette mesure a été déployée sans augmentation de la fiscalité locale, ni du versement mobilité et sans avoir recours au budget principal. Elle a été financée grâce à une optimisation de l’offre et une amélioration de la productivité. Les négociations avec le nouveau délégataire ont aussi permis aussi de dégager des marges de manœuvres.
« Nous ne sommes pas passés du payant au gratuit : nous sommes passés de la ta- rification symbolique au libre-accès des transports publics, termes que nous pré- férons à gratuité », explique alain lecointe, vice-président, délégué à la mobilité et aux transports au sein de niort agglomé- ration. Cette collectivité de 40 communes a supprimé la vente de billets de bus en septembre 2017. l’objectif : accroître la fréquentation des transports public et li- miter les transports individuels dans le cadre de la transition écologique. en 2016, le réseau réalisait alors 4,3 millions de voyages. les recettes commerciales cou- vraient 12% des dépenses de fonction- nement, soit l’équivalent de 1,5 M€. Ce réseau s’était développé au fil du temps avec des rajouts de lignes ne tenant pas compte des développements urbains. « Sur 700 services organisés chaque jour, une vingtaine ne transportaient aucun passager », précise sébastien forthin, le directeur transport et mobilité. les autres lignes étaient empruntées essentiellement par des personnes captives ( jeunes, se- niors) ou ne possédant pas de voiture. « Nous voulions remplir les bus et permettre à des gens d’essayer ce mode sans qu’ils se posent trop de question sur son accès. Comme c’est plus simple, ils ont franchi le pas ».
Remise à plat
ils l’ont d’autant plus facilement franchi que l’offre a été entièrement remise à plat lors du renouvellement du contrat d’exploitation des transports publics. l’oc- casion pour les élus niortais de négocier le montant de la délégation de service public avec transdev. « Nous avons réussi
à réduire la contribution forfaitaire de 500 000€ », précise l’élu. Celle-ci s’élève désormais à 12,5 M€. pas question pour autant d’élaborer une offre au rabais. au contraire. tous les services ont été remis à plat pour être optimisés. les cinq lignes gérées par la région nouvelle-aquitaine traversant l’agglomération ont été inté- grées au réseau urbain. Ce qui a permis de récupérer environ 200 000 km. une autre mutualisation a eu lieu avec les transports scolaires. « Trois services sont utilisés en doublage des lignes urbaines. Cela nous permet d’absorber l’augmenta- tion de la fréquentation sans avoir à acheter de nouveaux bus », précise le di- recteur. enfin, une nouvelle politique ma- nagériale a permis de réduire le taux d’absentéisme de 20 à 11,5%. « l’amélio- ration de la productivité a généré des économies non négligeables », affirme le directeur. toutes ces mesures ont com- pensé le manque à gagner lié à l’absence de recettes commerciales. « Nous n’avons pas augmenté le VT, ni la fiscalité locale et nous n’avons pas eu recours au budget principal pour financer le libre-accès », affirme alain lecointe.
Offre globale de mobilité
Depuis 2016, la fréquentation des bus a progressé de 28%. selon une enquête réalisée par transdev en novembre 2018, 40% des 122 000 habitants du territoire ont testé le bus au moins une fois et 25% l’avaient pris le mois précédent l’étude. « La gratuité a permis de faire savoir aux Niortais qu’il y avait des bus dans l’agglo- mération ! ». Cette mesure a engendré une nouvelle mobilité, notamment pendant la pause méridienne. Ce créneau est même
devenu une période de pointe. par contre, élus et techniciens n’ont observé aucune augmentation des incivilités et des dé- gradations. « La première incivilité consiste à prendre le bus sans payer son billet. Celle-ci n’existe plus aujourd’hui ! La seule obligation est de dire bonjour au conduc- teur ! », indique le vice-président. a niort, les agressions de conducteurs sont en baisse à périmètre constant et la collectivité n’a constaté aucun dégât ni sur les biens ni sur le matériel roulant. « Intellectuelle- ment, je ne vois pas le rapport entre gra- tuité et dégradation du service public », s’interroge alain lecointe.
Cette mesure s’inscrit dans une politique de mobilité globale, associant transport public, covoiturage, location de vélos à assistance électrique (Vae), de parkings- relais. niort agglomération souhaite en effet développer les mobilités alternatives. pour cela, elle vient d’acheter 600 Vae. « La location est gratuite pendant trois mois, le temps que les utilisateurs se fas- sent un avis pour savoir si ce mode est adapté à leurs besoins de déplacement ». en 2020, la collectivité va lancer un service de vélos en libre-service. elle a pour cela acheté 50 bicyclettes et installé 6 statons. elle proposera aussi des vélos-cargo. enfin, elle mettra en service trois navettes électriques de centre-ville.
Ces véhicules de 30 places ont été com- mandés à la société italienne rampini. Coût de l’opération : 1 M€. « Nous n’avons jamais autant investi depuis que le libre- accès des transports publics a été instauré. Ces investissements tordent le cou à l’idée que la gratuité met un coup d’arrêt aux développements de l’offre », conclu alain lecointe.
12 - Mobilités Magazine 33 - Janvier 2020