Page 13 - MOBILITES MAGAZINE N°33
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                 tPOLITIQUE/économie
             nombre d’actifs. « La gratuité par- tielle est souvent un premier pas vers la gratuité totale ».
Manque de recul
Comme l’a constaté le Groupement des autorités responsables de trans- port (GarT), peu d’études ont été menées pour évaluer les impacts de la gratuité. notamment sur le report modal et la dynamisation des centres-villes. « A chaque fois qu’une ville saute le pas, nous ren- trons dans l’inconnu car il y a peu d’études sur la question », reconnaît l’universitaire. exception faite, celle réalisée à Dunkerque un an après l’instauration de la gratuité. Cette étude a été réalisée par l’association viGS, regroupant des chercheurs spécialistes des politiques de la ville : transport, aménagement ur- bain, innovation au sein des terri- toires. « Nous avons tiré des conclu- sions intéressantes, mais nous ne
pouvons pas les généraliser car il y a très peu de comparaison ». autrement dit, les chercheurs ont dégagé des tendances, notamment en matière de report modal. en cause : la complexité des mobilités avec des citadins de plus en plus multimodaux. Pour mener à bien cette étude, les chercheurs ont in- terrogé deux mille personnes. La moitié d’entre elles étaient de nou- veaux usagers du transport public. Sur l’échantillon, 24% ont aban- donné leur voiture. « 85% des nouveaux usagers ont été attirés par la gratuité ». autre information : ces nouveaux adaptes du transport public étaient jusque-là très éloignés de ce mode. La gratuité a égale- ment entraîné une augmentation de la mobilité chez des publics qui ne se déplaçaient pas. « 33% des nouveaux déplacements sont ef- fectués par des personnes âgées ou isolées. Ces personnes ne se déplaçaient pas avant la gratuité ». Tout comme cette mesure a été plébiscitée par les jeunes qui ont plus fréquentés les commerces du centre-ville tels que fast-food, ci- néma... « La dynamique commer- ciale dépend de plusieurs facteurs (contexte économique, autres po- litiques publiques locales) et ne se limite pas aux seuls transports. C’est pourquoi, c’est très compliqué d’évaluer l’impact de la gratuité
sur la revitalisation des centres- villes». néanmoins, viGS a réalisé des entretiens avec une quaran- taine de commerçants « qui nous ont donné un avis plutôt positif de la gratuité ». Ces derniers étaient vent debout lorsque Patrice ver- griete, président de la communauté urbaine, a décidé d’instaurer cette mesure. en cause : les travaux d’aménagement urbains liés à la restructuration du réseau urbain qui ont bouleversé les conditions d’accès au centre de Dunkerque.
Tordre le cou aux idées reçus
Dunkerque est une ville où la voiture prenait beaucoup de place et où
les transports publics étaient mo- ribonds. Peu efficaces, ils étaient
peu utilisés et les recettes com- merciales ne pesaient que 10%
du coût de fonctionnement. avant d’instaurer la gratuité, les élus ont décidé de remettre à plat l’offre et
la développer. L’objectif : instaurer
un service de transport public at- tractif, régulier et fréquent. « Dans
les villes qui sont passées à la gra- tuité, la qualité de service ne s’est
pas effondrée. Bien au contraire. Elles ont continué à investir dans
leur transport car les usagers des réseaux gratuits ont, eux-aussi,
des attentes ». reste que cette
idée de la dégradation du service public inhérente à la gratuité est u
     C’est très compliqué d’évaluer
l’impact de la gratuité sur la revitalisation des centres-villes.
Patrice Vergriete, président de la communauté urbaine de Dunkerque.
  Mobilités Magazine 33 - Janvier 2020 - 13













































































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