Page 15 - MOBILITES MAGAZINE N°33
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                          le gâteau
entraîné un réel changement des habitudes de déplacement. La gra- tuité est une cerise sur le gâteau, un outil au service de la politique de mobilité. il faut l’associer à une refonte du réseau urbain, à des aménagements urbains et à une révision du stationnement. a Gre- noble, la problématique est diffé- rente car le réseau de transport collectif est plus complexe, plus dense. Le taux de couverture des dépenses par les recettes est élevé et surtout les transports sont saturés ou phase de l’être. Donc l’objectif n’est pas le même qu’à Dunkerque. On sait que la gratuité accroît la fréquentation. Or, si on dégrade la qualité de service, les gens vont reprendre leur voiture. D’où la né- cessité d’avoir une vision à long terme. impossible de résumer une politique de transport à la simple question de la gratuité.
: comment la gratuité des transports
publics est-elle financée à Tallin en estonie ?
GG : dans cette agglomération de 447 000 habitants, le financement des transports publics repose sur une taxe transport payée par tous les contribuables. L’instauration de la gratuité a été source d’attractivité pour cette ville car des gens sont venus s’installer dans cette ville pour bénéficier de cette mesure. Par conséquent, l’augmentation du nombre de contribuables a com- pensé les coûts de la gratuité. Cette mesure est en cours de déploie- ment à l’échelle du pays.
: quelles sont vos recommandations pour
financer la gratuité ?
GG : nous avons préconisé que la Tva applicable aux transports pu- blics passe à 5,5%. Des amende- ments ont été déposés en ce sens dans le projet de loi des finances. Par ailleurs, nous avons étudié plu- sieurs pistes. La première consis- terait en une taxe « transport lo- cale » payée par l’ensemble des contribuables qui viendrait en plus du versement mobilité payé par les entreprises. Cette réflexion ne fait absolument pas l’unanimité. néanmoins, nous pouvons consi- dérer que la mobilité est un droit universel au même titre que l’édu- cation et la santé. C’est un vrai choix politique. il est aussi envisa- geable de flécher sur le transport publics les plus-values foncières. Les collectivités peuvent aussi jouer la carte du stationnement en faisant payer les grandes enseignes com- merciales qui disposent de grands parkings destinés à leurs clients. Le péage urbain peut être intéres- sant s’il est associé à la gratuité. L’idée est de donner le choix entre la possibilité de rentrer en centre- ville en voiture en payant cher ou gratuitement en transport public. C’est du donnant/donnant. enfin, il est possible d’imposer un vignette aux automobilistes qui entreraient dans les zones urbaines. il faut aussi réfléchir sur la démobilité en travaillant sur l’urbanisme et la re- localisation des zones d’emploi pour limiter les déplacements. z
ProPos rECUEiLLis PAr ChrisTiNE CAbiroN
POLITIQUE/économie t
u encore bien ancrée dans les esprits. Tout comme celle de la hausse des incivilités ou de l’arrêt des in- vestissements. « Ces arguments non vérifiés, avancés par la FNAUT et l’UTP sont purement idéolo- giques », indique Maxime Huré. «Nous comprenons leurs argu- ments économiques, mais en tant que chercheurs, nous pensons qu’il y a des réticences professionnelles fortes liées un modèle de finance- ment autour du versement mobilité qui n’a pas évolué depuis les années 70-80. Ces acteurs n’arrivent pas à sortir de ce système de finance- ment, alors que certains élus le souhaiteraient ». il n’empêche que la question du financement des transports publics est le nerf de la guerre. Financer la gratuité peut passer par une hausse du verse- ment mobilité. Mais ce n’est pas le cas le plus fréquent. « Dans 68% des réseaux, c’est la subvention publique qui est venue compenser la baisse de recettes », observe Maxime Huré. Certaines collectivités ont mené des négociations à leurs avantages lors des reconductions des contrats d’exploitation. Des économies découlent aussi de l’ab- sence d’achat ou de renouvellement des systèmes de billettique. Dans certains cas, les collectivités font des arbitrages. Dunkerque a, par exemple, décidé de ne pas construire une salle de spectacles. « Aujourd’hui, le financement de la gratuité peut être facilité par une nouvelle fiscalité issue du sta- tionnement et des contraventions qui reviennent aux communes ou intercommunalités », rappelle l’uni- versitaire. « Plusieurs millions d’€uros peuvent être fléchés sur le transport collectif pour financer la gratuité. Néanmoins, il ne faut pas tout attendre de cette mesure qui ne résout pas pour autant tous les problèmes de mobilité ». z
ChrisTiNE CAbiroN
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 Mobilités Magazine 33 - Janvier 2020 - 15


















































































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