Page 33 - Voyages & groupe n°26
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  chaque nuit une escadrille La
de chauves-souris apprivoi- bibliothèque
sées, qui regagnent dès la levée du jour le double-fond des rayonnages.
Juste à côté, on jette un œil aux cachots de la prison es- tudiantine, où l'on embas- tillait les élèves lubriques ou avinés, qui n'étaient pas exemptés de suivre les cours le jour.
Gondoles à puissants moteurs
Autre tradition que vos clients devront respecter pour ne pas trop faire « tou- riste », on monte les doubles escaliers par la droite et les descend par la gauche : la vie estudiantine locale est une attraction en soi. Les corporations sont encore vi- vaces, et un bon guide (étu- diant?) expliquera les sub- tilités du port de la cape noire qui trahit le stade d'avancement (ou de retard) des études. En place de « cité U », certains sont logés dans des « républiques », maisons un rien politisées, chacune dotée de son pro- pre règlement où la liberté de ton le dispute à l'incon- gru. Les estudantes gardent aussi un faible pour les sé- rénades de jadis, encore jouées sur la guitarra por- tuguesa sous les fenêtres de leurs amantes : ce qu'on appelle erronément le « fado de Coïmbre », bien que ce chant n'ait rien à voir avec la mélodie dure et le style déchirant du fado de Lis- bonne ou de Porto.
Avant de quitter Coïmbre, on accordera une visite fan- tomatique et pleine d'anec- dotes au monastère englouti de Sainte-Claire-la-Vieille. Inondé par le fleuve Mon- dego, l'institution a dû être reconstruite en toute pru- dence sur les hauteurs de la ville. A l'ouest, côté mer, la cité d'Aveiro semble quelque peu renfermée si
l'on n'en voit que le centre, bâtie autour de la menue église de la Vraie Croix, avec ses tonnelles géométriques revues par les architectes de l'Estado Novo. Le proche couvent des Dominicaines permet de redécouvrir la vie des moniales du XVIIe, entre le tambour pour recueillir les enfants abandonnés, la chapelle dorée avec les ors du Brésil, le réfectoire à azu- lejos aux tables qui ont gardé le numéro des places assi- gnées.
Avec ses rues compliquées et ses placettes, l'Aveiro Art Nouveau est plus ludique, percé par les canaux qui stoppent au pied des usines en cours de récup. Y circulent les vrombissants moliceiros, anciennes embarcations de 15mdelongsur2,50mde large, qu'on utilisait pour récolter dans la proche la- gune les goémons pour les épandre sur les terres ma- raîchères. Les engrais ont pris la relève. Les longues barges de pin se sont re- trouvées au chômage. Elles ont donc troqué rames et voile pour un moteur nerveux qui permet de transporter des passagers en nombre : les gondoles locales, aux proues et poupes ornées de peintures vives, saintes alan- guies ou scènes de bordel.
Anguilles et pousse-pied
Non loin d'Aveiro, Ilhavo pro- pose son excellent musée maritime, plus vivant que
Joanina.
  Moliceiros, anciennes embarcations réhaussées d’un moteur puissant pour visiter l’Aveiro Art Nouveau.
Voyages & groupe 26- JUILLET/AOÛT 2019 - 33





















































































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