Page 27 - L'INFIRMIERE LIBERALE MAGAZINE - DOSSIER - CAHIER DE FORMATION
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Le sucre, ami ou ennemi de notre santé ?
point sur
Cela dit, la balance glucidique doit s’apprécier en fonction de la balance énergétique (équilibre entre les apports et les dépenses énergétiques) : « S’il convient de limiter les glucides à IG élevé chez les personnes sédentaires pré- disposées et/ou ayant un syn- drome métabolique (surpoids abdominal) et pour lesquelles l’excès de glucides conduit à des anomalies métaboliques athéro- gènes, en revanche, en cas d’ac- tivité physique régulière et sou- tenue, la ration glucidique (lire l’encadré ci-contre) peut être plus importante et contenir davantage d’aliments à IG plus élevé », com- mente le Dr Lecerf.
Le sucre, une drogue ?
Bien que largement répandue, l’idée d’une addiction au sucre, au sens de “dépendance alimen- taire”, n’est pourtant pas recon- nue par le monde scientifique. Si l’addiction au sucre n’existe pas, en revanche, le sucre engendre la sécrétion de séro- tonine qui explique son effet psychotrope et apaisant, mais aussi et surtout le plaisir alimen- taire associé à sa consommation et responsable de comporte- ments compulsifs et d’excès qui, s’ils ne sont pas compensés par
Le fructose, un faux ami ?
Quels apports journaliers ?
q Dans une population sans problème de poids et pratiquant une activité physique, les besoins quotidiens en glucides peuvent représenter de 50 à 55 % de la ration alimentaire, soit environ 250 g de glucides, dont une part limitée en glucides simples variant de 1/5e (50 g) à 1/10e (25 g), selon les “écoles”. Chez les diabétiques ou les patients présentant un syndrome méta- bolique, une dyslipidémie ou une hypertriglycéridémie, la ration glucidique ne doit pas dépasser 40 à 45 % de la ration alimentaire car les études ont montré qu’un apport dans la norme est péjoratif en termes de profil lipidique et de risque cardiovasculaire.
Source : entretien avec le Dr Jean-Michel Lecerf.
une dépense énergétique équi- valente, sont à risque pour la santé car ils entraînent une hyperglycémie et un stockage de calories lipidiques dans les tissus adipeux et le foie.
Peut-on parler
de “maladies du sucre” ? « Hormis la carie dentaire (6), il n’existe pas à proprement parler de “maladies du sucre”, mais des maladies de l’excès de sucres, conclut le Dr Lecerf. C’est le cas du diabète, de l’obésité, des maladies coronariennes, des hypertriglycéridémies, des stéa- toses hépatiques et des hyper- uricémies causées, entre autres (ce que l’on sait peu), par l’excès de fructose » (lire l’encadré ci- dessous). En résumé, hormis les
boissons sucrées dont il faut limi- ter la consommation, il ne faut pas diaboliser le sucre car il est utile à l’organisme. Mieux vaut intégrer la consommation de glu- cides en choisissant des aliments frais, non raffinés et ayant une bonne densité nutritionnelle (manger un fruit riche en fibres, vitamines et antioxydants plutôt qu’un bonbon) et en veillant à équilibrer la balance énergétique globale entre les apports et les dépenses pour éviter les interdits et les frustrations et s’autoriser le plaisir de mettre un peu de sucre dans un yaourt ou de man- ger un carré de chocolat.
Marie Fuks
L’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêts.
(1) “Glucide” est un terme générique pour l’ensemble des sucres, qu’ils possèdent un monomère (glucose, ribose, ribulose, fructose...), deux (saccharose, lactose...), trois ou encore plus (glycogène, amidon). (2) Pour être assimilé par l’organisme, le sucre est transformé en glucose.
(3) Cette notion a remplacé celle de glucides rapides et lents, délaissée depuis 1981.
(4) L’IG du fructose est de 20, contre 100 pour le glucose, 60 pour le saccharose et 46 pour le lactose. (5) Les féculents comprennent les céréales, les légumineuses, les pommes de terre et les produits dérivés qui, pour 100 g d’aliments, apportent en moyenne 75 g de glucides.
(6) La formation des caries, directement corrélée à la consommation de sucres simples (fructose, saccharose et glucose), peut être plus ou moins favorisée par la flore bactérienne cariogène et le manque de salive (elle joue un rôle protecteur) propre à chaque individu.
q Bien qu’ayant un IG très bas, le fructose consommé en excès induit une lipogenèse hépatique* et l’accumulation de graisse dans le foie (stéatose hépatique). Ainsi, chez des personnes hypersensibles (personnes ayant une obésité abdominale avec syndrome métabolique), des régimes amaigrissants à base de fruits non seulement déséquilibrent les apports nutritionnels, mais peuvent entraîner des hypertriglycéridémies et des hyperuricémies respecti- vement en cause dans les maladies coronariennes et dans la goutte notamment.
* Suite de réactions chimiques conduisant à la synthèse de graisses (triglycérides) à partir des nutriments (glucides et acides gras).
Avec l’aimable participation du Dr Jean-Michel Lecerf,
de l’Institut Pasteur
de Lille (Nord)
L’infirmière libérale magazine • n° 339 • Septembre 2017 51