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nÉoniCoTinoïdEs:
la PreSSion S’accenTue SUr LeS bannièreS
Sous la loupe de Santé Canada, interdits à Montréal et graduellement en France ; les néonicotinoïdes, ces pesticides surnommés « les tueurs d’abeilles », continuent de faire les manchettes.
« Ce sont actuellement les pesticides les plus largement utilisés dans le monde, leurs ventes représentant plus du quart des parts du marché mondial. Bien qu’ils puissent être employés avec tous les types de cultures — exception faite des cultures fourragères — ils sont le plus fréquemment employés avec le maïs, le canola, le soya, les haricots secs, et les petites céréales », indique l’organisme Équiterre dans un docu- ment d’information réalisé en collabo- ration avec l’association canadienne des Médecins pour l’environnement, en mai dernier.
Ces pesticides sont systémiques. ils se répandent dans l’ensemble de la plante traitée, dont le pollen, le nectar et tous les tissus incluant la chair des fruits et des légumes.
« Bien qu’ils puissent être pulvérisés sur le feuillage ou ajoutés au sol, ils sont le plus souvent appliqués directement sur les semences. L’exposition des animaux qui pollinisent les plantes à eurs — tels que les abeilles — se fait par le nectar, le pollen, ou encore par la poussière générée lors des travaux de semis fai- sant appel à des semences traitées aux néonicotinoïdes », continue Équiterre dans son étude.
Disparition
dans un scénario tragique impliquant la disparition des abeilles, les chercheurs de la Havard T. H. Chan school of Public Health en sont venus à des conclusions plutôt catastrophiques.
sans les pollinisateurs, ils ont estimé que la production mondiale de fruits diminuerait de 23 %, celle des légumes de 16% et celle des noix et des semences de 22 %.
Cette chute de ressources alimentaires augmenterait le nombre de morts liés aux maladies chroniques et nutritionnelles de 1,42 million de cas annuellement, selon eux.
Les chercheurs ont basé leurs recherches sur la teneur nutritionnelle et la dépendance aux pollinisateurs de 224 types d’aliments.
« un ensemble d’études rigoureuses indique que les néonicotinoïdes sont nuisibles à plusieurs espèces et qu’ils réduisent la biodiversité, en plus de menacer les pollinisateurs essen- tiels aux plantes et aux cultures dont dépendent les humains et d’autres espèces. Certaines études suggèrent
que l’exposition directe aux néoni- cotinoïdes nuit également à la santé humaine », conclut l’organisation écologique.
Sous la loupe de Santé Canada
Les pesticides sont aussi dans la mire de santé Canada.
En mai 2015, l’agence de réglementa- tion de la lutte antiparasitaire (arLa) de santé Canada et l’o ce of Pesticide Programs (oPP) de la united states Environmental Protection agency (EPa) (les agences) ont annoncé, dans le cadre d’une initiative du Conseil de coopération en matière de régle- mentation (CCr), qu’elles allaient collaborer à un processus bilatéral de réévaluation de pesticides relativement à une évaluation des risques pour les pollinisateurs posés par trois pesti- cides de la classe des néonicotinoïdes, soit la clothianidine, l’imidaclopride et le thiaméthoxam.
Les premiers résultats naux devraient être disponibles en décembre 2016.
Entre 1990 et 2000, des scienti ques ont observé un brusque déclin des populations d’insectes en Europe. Ils ont également constaté un fort déclin des populations d’oiseaux se nourrissant d’insectes. Ces observations les ont amenés à considérer l’hypothèse qu’une nouvelle génération de pesticides introduite au début des années 1990 était responsable de ces déclins. (Source : Équiterre)
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