Page 9 - AQMAT Cahier thématique Avril-mai 2019

L'iNdusTRie subiT Les cONTRecOuPs des TaRifs dOuaNieRs
L’acier et l’aluminium sont des matériaux importants dans la fabrication de portes et de fenêtres destinées au marché de la construction ou de la rénovation résidentielle. Pas étonnant donc que l’imposition de tarifs douaniers de la part des États-Unis sur ces matériaux et sur les produits fabriqués à partir de ceux-ci puissent avoir un impact important sur l’industrie d’ici.
« L’ensemble de l’industrie est touché », affirme Lisa Bergeron, présidente de l’Association de vitrerie et fenestration du Québec (AVFQ). Cette association regroupe la majorité des fabricants et installateurs de portes et fenêtres, des producteurs et distributeurs de verre de fenestration, de producteurs d’extrusions et de fabricants d'unités scel- lées et transformation du verre au Québec.
Toutefois, les tarifs imposés varient selon leur provenance et selon la fluctuation des coûts de la matière première. « Pour les exportations aux États-Unis, la codification doit être précisée afin que les bons taux soient appliqués. Par exemple, un cadre de bois recouvert d’aluminium n’a pas le même taux d’imposition qu’un cadre totalement en aluminium», précise-t-elle.
On craint des impacts à long terme
Nul ne sait combien de temps durera ce conf lit canado- américain. On s’inquiète donc des impacts à long terme qu’il pourrait avoir sur l’industrie. « Il est possible que certains fabricants doivent adapter leur production en conséquence si l’imposition
des tarifs perdure », pense Mme Bergeron.
Cela pourrait vouloir dire l’acquisition de nouveaux équipements de production ou encore la transformation des équipements existants.
Au Canada, les grandes entreprises vont possi- blement s'ajuster, mais les petites devront absorber les tarifs. Plusieurs PME auront du mal à composer avec cette surtaxe qui pourrait ralentir leurs activités et les obliger à supprimer des emplois.
Les ménages devront payer plus cher aussi pour changer leur chauffe-eau, leur machine à laver ou leur tondeuse à gazon.
Les prix de ces produits, comme ceux des portes et fenêtres, vont grimper, à moins que les Canadiens décident de n’acheter que des articles fabriqués au pays.
Mais dans les faits, les tarifs américains sur l’acier et l’aluminium, qui sont copiés aujourd’hui par le Canada, ont tendance à faire monter le prix du marché des métaux. Donc, un tarif imposé par les Américains peut faire grimper les prix de ce côté-ci de la frontière également, étant donné la forte intégra- tion des deux économies.
La menace
de la rareté
de main-d’œuvre
L’AVFQ est également pré- occupée par les questions de l’embauche de personnel dans les entreprises de cette industrie, autant chez les manufacturiers que chez les installateurs.
La solution passera peut- être par l’utilisation de sous-traitants, faut valoir
Lisa Bergeron. « L’industrie des portes et fenêtres est saisonnière en grande partie et c’est sans compter que les détaillants, centres de rénovation ou boutiques spécialisées, ne gardent plus beaucoup de stock ».
On doit donc constamment faire des mises à pied chez les manufacturiers, ce qui ne facilite pas la pérennité des emplois et le maintien de la qualité des travailleurs.
Pour la présidente de l’Association de vitrerie et fenestration du Québec, l’autre menace est, on l’aura presque deviné, la rareté de main-d’œuvre. Lisa Bergeron : « La solution passera peut-être par l’uti- lisation de sous-traitants ». (Voir autre article en p.12-13)
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