Page 48 - AQMAT_Magazine_Printemps_2022
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 Dossier Employés d’ailleurs
 La langue, la discrimination sur
sa religion, le froid, autant de barrières supplémentaires que Said Benabdeslam a eu à surmonter par rapport
à un Québécois dit de souche.
Said, musulman algérien,
gère le BMR Saint-Lin-Laurentides
« Quand je suis arrivé chez BMR, je ne savais même pas ce que c’était un deux par quatre. Aujourd’hui, je connais toutes les grandeurs, tous les types de bois et si un client me demande une égoïne, je sais ce que c’est ! »
D
epuis 2018, Said Benabdeslam est gérant du magasin BMR de Saint-Lin–Laurentides de Novago Coopérative. Après avoir navigué à travers un parcours d’immigrant
est jugé équivalent à un secondaire 5. « J’étais insulté », dit-il, presque en riant.
C’est finalement sa participation à un stage de six semaines en service à la clientèle qui lui a permis de commencer sa carrière dans le commerce de détail ici. En quelques années, il passe de stagiaire à technicien en informatique, puis à directeur de service chez Bureau en gros. «Il a fallu que je travaille plus que les autres pour prouver que j’étais capable de prendre des responsabilités. »
En 2017, BMR l’embauche en tant qu’assistant-gérant. « J’ai toujours considéré mon intégration comme un défi à relever plutôt qu’un problème à régler, souligne le nouveau Canadien. À Saint-Lin, j’étais pratiquement le premier musulman algérien à m’installer dans le coin. Aujourd’hui, toute la ville m’a adopté. »
«Si quelqu’un me dit: retourne dans ton pays. Je réponds du tac au tac: je suis un Québécois. Je vais où? Et dans le magasin, quand je dois faire face à un commentaire raciste, ce sont mes employés qui me défendent. »
Said se rappelle qu’avant d’être intégré à la société québécoise il lui a fallu s’adapter et surmonter plusieurs embûches notamment, la langue, la discrimination et le froid.
Quelques mois après son arrivée au Canada, une tempête de neige lui fait regretter cette décision. «La première tempête, j’ai failli mourir de froid. Ç’a été la pire expérience de ma vie: je n’étais pas équipé. Aujourd’hui, je n’ai plus peur du froid. »
Même si les Algériens sont francophones, Said a vite réalisé que la langue représentait une barrière. «Quand je suis arrivé au Québec, je ne comprenais pas le Québécois. Les premiers temps, j’étais très tranquille en train d’écouter et de déchiffrer ce qui se disait.»
Said plaide en faveur de ce genre d’initiative pour les immigrants qui arrivent au Canada. «Selon mon expérience, ces stages facilitent l’intégration des immigrants et donnent aux gens d’ici l’occasion de mieux comprendre les étrangers. C’est plus difficile d’exclure une personne lorsqu’on a appris à la connaître. »
semé d’embûches et de surprises, sa carrière dans le secteur du commerce de détail a évolué rapidement. Aujourd’hui, Said déclare fièrement que son équipe et lui ont fait passer le chiffre d’affaires du magasin de Saint-Lin de 8,2 millions en 2018 à 12 millions en 2022.
Said est arrivé au Canada à l’âge de 24 ans. Malgré sa formation et son expérience de technicien en bâtiment, il n’arrive pas à trouver du travail à Montréal et son diplôme professionnel
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