Page 3 - AQMAT Cahier Thématique Septembre 2019
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L'écOcONcePTiON, PaRce Que TROP, c'esT mOiNs embaLLaNT
Quand il a commencé à s’intéresser à l’écoconception des emballages, il y a une douzaine d’années, le professeur Sylvain Allard à l’École de design de l’UQAM sentait une « résistance assez classique au changement » chez les gens d’affaires québécois.
Ceux-ci craignaient l’aug- mentation des coûts et la modification de leurs pro- cédés. «Le discours a changé après quelques années, quand ils ont compris qu’éco- conception voulait dire réduction – de matière, d’em- ballages, et donc de coûts », se souvient l’enseignant.
En allant déambuler dans les allées de quelques centres de rénovation et de quincailleries récemment, l’AQMAT a pu constater que le suremballage est bel et bien une réalité chez certains fabricants, voire même chez certaines bannières.
Approche émergente des années 90, l’écoconception attire aujourd’hui de plus en plus d’entreprises désireuses de réduire leur empreinte environnementale.
Son principe vise à intégrer des critères environnemen- taux dès la conception d’un emballage ou d’un produit, pour améliorer sa perfor- mance environnementale à travers tout son cycle de vie, du choix des matières pre- mières à sa prise en charge en fin de vie, pour ultimement éviter qu’il n’aboutisse dans les sites d’enfouissement.
L’écoconception est une composante de l’économie circulaire dont le but est d’op- timiser l’usage des ressources – par exemple en les recyclant et en évitant de les gaspiller.
L’écoconception permet de « remettre en question la per- tinence [économique, sociale et environnementale] d’un produit, emballage ou ser- vice existant par rapport aux besoins des consommateurs », précise Geneviève Dionne, directrice, écoconception et économie circulaire chez Éco Entreprises Québec (ÉEQ).
Qu’íl s’agisse de réduire le suremballage, de favoriser la recyclabilité d’un produit ou d’en augmenter sa durée de vie, cette démarche engendre des gains économiques pour l’entreprise, notamment grâce à une réduction des coûts de production ou de gestion de fin de vie d’un produit.
Son impact positif sur l’environnement renforce par ailleurs le positionnement d’une entreprise, tout en satisfaisant les attentes des consommateurs de plus en plus exigeants en la matière.
Dans un contexte où les stratégies politiques com-
Crédit alloué à Knauf Insulation, fabricant membre de l’AQMAT qui épouse les principes de l’écoconception, pour avoir créé cette infographie fort pédagogique.
mencent à encourager l’éco- nomie circulaire et la réduc- tion des déchets plastiques, Geneviève Dionne constate que les entreprises sont de plus en plus nombreuses à s’engager dans le mouvement de l’écoconception, à l’instar des Agropur, Aldo, Cascades, Keurig et autres Métro.
Mais « il est encore nécessaire d’établir une meilleure com- préhension de ce concept » auprès des entreprises et des citoyens pour éviter les « fausses bonnes idées » –
pensons aux sacs oxobiodé- gradables, dont les additifs favorisant l’auto-dégradation contaminent les autres plas- tiques des bacs de recyclage.
Pour le Conseil des industries durables (CID), à l’heure où le modèle actuel d’économie linéaire du « produire, consommer, jeter » montre clairement ses limites, l’écoconception est devenue « le passage obligé des entreprises qui veulent assurer leur pérennité. »
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