Page 52 - Peppone #2
P. 52

50
Soit cette femme domine les hommes (renversant alors directement la domination masculine), soit elle en est totalement indépendante (ce qui représente tout autant une menace pour le patriarcat).
Ces méchantes s’opposent donc aux héroïnes clas- siques de Disney qui sont dans l’immense majorité des cas soumises aux hommes, ou du moins dépendantes d’eux sur les plans physique et affectif. Une bonne hé- roïne Disney qui se respecte se doit d’obéir au person- nage masculin, de se faire sauver par lui (au moins une fois et plus si af nités...), et encore de  nir dans ses bras, le plus souvent lors d’un indémodable mariage hétéro- sexuel qui conclut la majorité des Disney les plus popu- laires. Le destin d’une femme, c’est d’être la femme d’un homme. Voilà donc le cœur de la leçon que Disney as- sène à nos enfants à longueur de  lms : une femme bien est une femme soumise à un homme, et dépendante de lui sur tous les plans. Et inversement, une femme qui a au contraire du pouvoir et de l’indépendance par rapport aux hommes est forcément mauvaise, voire diabolique.
Etudions donc maintenant plus précisément ces femmes fortes que sont les méchantes de Disney, pour tenter de dégager leurs traits caractéristiques. Traits qui n’ont malheureusement pas beaucoup changé de Blanche Neige à Raiponce, preuve que le féminisme a encore beaucoup à faire pour que l’idée d’une indépen- dance et d’un pouvoir féminin ne soit pas systématique- ment présentée à nos enfants comme le mal absolu.
Les principales méchantes des « classiques d’ani- mation Disney » sont : la Reine dans Blanche-Neige et les sept nains, la marâtre et ses  lles dans Cendrillon, la Reine de Cœur dans Alice au pays des merveilles, Malé que dans La belle au bois dormant, Cruella dans Les 101 dalmatiens, Mme Mim dans Merlin l’enchanteur, Mme Médusa dans Les Aventures de Bernard et Bianca, Ursula dans La petite sirène, Yzma dans Kuzco l’empereur mégalo et Mère Gothel dans Raiponce que vous verrez en bonne place dans mon tableau (La cène - once upon a time).
Comme on l’a dit, les méchantes de Disney dominent les hommes ou ont des hommes à leur service. La reine de Blanche-Neige a le chasseur sous ses ordres, et Malé que, dans La belle au bois dormant, une armée de sous- fres. Disney met ainsi en scène une galerie de femmes qui tyrannisent leurs hommes : la Reine de cœur, dans Alice au pays des merveilles, écrase le Roi de sa présence ; Cruella mène la vie dure à Jasper et Horace dans Les 101 dalmatiens ; Médusa traite Snoops comme un larbin dans Les Aventures de Bernard et Bianca, sans manquer une seule occasion de l’humilier ou de l’insulter ; sans parler du comportement d’Yzma avec Kronk dans Kuzco l’empereur mégalo.
Parce qu’elles ont du pouvoir et qu’elles l’exercent sur les hommes, ces femmes vont trop loin, et Disney nous le rappelle en les présentant systématiquement comme des incarnations du mal. Dans cet esprit, le stu- dio atteint son apogée dans La petite sirène avec la créa- tion du personnage d’Ursula. Celle-ci ne cherche pas seulement le pouvoir, mais plus exactement à écraser le Roi Triton,  gure masculine toute puissante et bien- veillante, parce que celui-ci l’a un jour exclue de sa cour.
Au niveau des moyens déployés pour arriver à leurs  ns, les méchantes représentent là aussi une menace pour le pouvoir masculin. En effet, si elles recourent volontiers à des armes traditionnellement féminines (poison, ruse ou séduction par exemple), elles empiètent également sur le territoire des hommes en usant de la force et de l’intimidation, armes masculines par excel- lence. Leurs transformation lors des combats frontaux
domination), or she is totally independent of them (which is just as big a threat to the patriarchy).
The female villains contrast with the classic Disney heroines, who are subject to men for the most part or at least dependent on them on a physical and emotional level. Any self-respecting Disney heroine should obey the male character, be saved by him (at least once and more than once if all goes well), and end up in his arms, most of the time for a timeless heterosexual wedding that usually rounds off the most popular Disney  lms. A woman’s destiny is to be a man’s wife. This is the basic lesson Disney hammers home to our children in their  lms: a good woman is a woman subject to a man and dependent on him in every way. And on the contrary, a woman who has power and is independent from men is necessarily bad, and even diabolical.
Let’s look in more detail at these strong women who are the Disney villains, and try to bring out their main features. Features, as we shall see, which hardly changed from Snow White to Rapunzel in Tangled, the proof that feminism still has a long way to go before the idea of female independence and power are not systematically shown to our children as the absolute evil.
The main villains in the Disney animated classics are the Queen in Snow White and the Seven Dwarfs, Lady Tremaine and her daughters in Cinderella, the Queen of Hearts in Alice in Wonderland, Male cent in Sleeping Beauty, Cruella in 101 Dalmatians, Mad Madam Mim in The Sword in the Stone, Madame Medusa in The Rescuers, Ursula in The Little Mermaid, Yzma in The Emperor’s New Groove and Mother Gothel in Tangled, who is well in evidence in my picture opposite.
As already pointed out, Disney’s female villains dominate men or have men at their beck and call. The Queen in Snow White has the Huntsman under her orders, and Male cent in Sleeping Beauty has a whole army at her command. Disney portrays a large gallery of women who tyrannise their men. The Queen of Hearts, in Alice in Wonderland, overwhelms the King with her presence; Cruella gives Jasper and Horace a hard time in 101 Dalmatians; Madame Medusa treats Mr Snoops like a dogsbody in The Rescuers, never missing a chance to humiliate or insult him; and not to mention the way Yzma treats Kronk in The Emperor’s New Groove.
Because they have power and they impose it on men, these women go too far, and Disney reminds us of the fact by systematically portraying them as the embodiments of evil. In this respect, the studio outdid itself with the character of Ursula in The Little Mermaid. Not only does she seek power, but even more she tries to crush the all-powerful and benevolent  gure of King Triton, because he has banished her from his court. Disney fantasises here about a female character whose only aim is to emasculate men. In its irrational anti-feminism, the studio created the most diabolical female villain in its history.
In the means they use to get their way, the female villains are also a threat to male power. Although they are always ready to use the weapons traditionally employed by women (poison, cunning or seduction, for example), they also encroach on male territory by using force and


































































































   50   51   52   53   54