Page 58 - Traité de Chimie Thérapeutique Vol1 Dénomination chimique
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Préface







        La réglementation sur les médicaments exige que toutes les substances utili­
        sées en thérapeutique soient enregistrées. Cela implique pour chacune d'elles
        une désignation précise. Cependant, dans le champ de la pharmacie, la syno­
        nymie est encore de pratique trop courante : les noms de marque y sont nom­
        breux, variables d'un producteur à l'autre, et les appellations traditionnelles,
        plus ou moins explicites, y sont toujours fréquentes. Les dénominations chi­
        miques apparaissent dès lors comme les seules capables d'indiquer avec pré­
        cision la structure de chaque produit visé. Toutefois, leur emploi n'est pas non
        plus exempt de difficulté.

          Elles souffrent d'abord d'un premier handicap, surtout dans le cadre de la
        chimie organique : elles sont le plus souvent longues, difficiles à énoncer et
        toujours plus ou moins ésotériques pour les non-initiés. Dans le but de pallier
        ces inconvénients, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) s'est astreinte,
        depuis les années cinquante, à promouvoir pour chaque médicament une
        dénomination unique, d'un maniement facile, en particulier par le corps médi­
        cal, et susceptible d'être mondialement adoptée : la dénomination commune
        internationale (DCI). Chaque fois qu'une telle DCI existe, la réglementation en
        impose l'emploi dans la Pharmacopée et comme indispensable synonyme des
        noms de marque. Mais, si pratiques que soient ces DCI, elles ne donnent
        qu'une idée fort incomplète de la structure chimique puisqu'en principe elles
        sont essentiellement édifiées autour d'un segment clé qui ne les rattache le
        plus souvent qu'à un groupe thérapeutique plus ou moins large. Pour éviter
        toute ambiguïté, l'OMS, dans les listes qu'elle publie, se retrouve donc dans
        l'obligation d'assortir chaque DCI d'une dénomination chimique sans équi­
        voque.
          Le recours à cette dernière se heurte alors à un second handicap : la possi­
        bilité de se trouver en présence, pour un même composé, de plusieurs appella­
        tions. Au cours du développement de la chimie, différents systèmes de nomen­
        clature ont été élaborés, tous logiques certes, mais dans lesquels des noms
        triviaux se mêlent plus ou moins à des dénominations systématiques, au gré
        des habitudes des auteurs. Une codification des usages en la matière est rapi­
        dement apparue indispensable.
          Les premières propositions pour unifier la nomenclature en chimie organique
        datent déjà d'un siècle puisqu'elles ont vu le jour à Genève en 1892. Révisées
        et développées par une Commission instituée à cet effet par l’Union Internatio­
        nale de Chimie, elles ont abouti en 1930 aux « Règles de Liège », ultérieure-
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