Page 2 - Fly Tox
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Fly Tox
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Calliste ne se retourne pas. Il répond simplement : « Oui, m’ma, je viens tout de suite. »
Son pied effleure une aile. Le corps paraît inerte.
Elle est morte. Peut-être pas encore tout à fait. Faut savoir être patient.
Il étend la main et saisit la mouche délicatement entre le pouce et l’index. Un corps sans tête, ce n’est pas commun. C’est la première fois qu’il en attrape une comme ça. Les autres étaient différentes, intactes.
Il approche de ses yeux le petit tronçon organique, si près qu’il en louche. Et il voit tout, le bleu, le vert mordoré explosent dans ses pupilles, et comme d’habitude, le vertige le prend. C’est sûr, celle-là aura une place de choix dans sa sélection. Pour elle, ce sera entrée directe dans la boîte n°8, celle des artistes.
Doucement, il glisse la dépouille mutilée de la mouche dans la poche de sa chemise, près de son cœur.
Dehors, tout est calme. On entend à peine le roulis de la mer derrière la colline. C’est la fin de l’été qui répand dans l’air ses douces odeurs de fougères iodées. Mais bientôt une autre odeur persistante, celle de la cuisine.
C’est pas vrai, encore du lard grillé au menu...
M’ma en met partout. C’est une obsession. Ses papilles gustatives ne se repaissent que de ça, gorgées matin midi et soir de graisses animale et végétale. D’épaisses tranches de lard croquantes déposées sur une tranche de pain au lait ribot aussi large qu’une palette avec, étalée par-dessus, une belle couche de rillettes d’oie qu’elle trempe aussi sec tous les matins dans son bol de café qui, vu la contenance, ressemble plus à un pot de chambre qu’à un verre à liqueur. Le soir, un vin paillet dans lequel m’ma trempe quelques
























































































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