Page 46 - Le savoir-(sur)vivre
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La route facile
Les motos sont sur la grille. Lorsque les feux rouges vont s’éteindre et libérer la meute, les pilotes ouvrent les gaz en grands et ne relâchent plus la poignée.
Ils lâchent l’embrayage en restant à fond d’accélérateur. La moto ne cabre pratiquement pas et ne patine pas !
Essayez de libérer d’un coup deux fois moins de puissance (c’est-à-dire une grosse centaine de chevaux) sur la roue arrière d’une moto se trouvant à l’arrêt.
Si on ne relâche pas partiellement les gaz pour limiter la puissance, soit la roue arrière patine sur l’asphalte, soit la moto se met au garde à vous !
Et si ce n’est pas le cas, c’est que l’électronique veille au grain en limitant autant que nécessaire la puissance transmise.
à l’avenir, il est plus que probable que divers nouveaux systèmes électroniques seront utilisés pour améliorer la sécurité des motards. Aujourd’hui, la généralisation de l’ABS serait à l’origine de 10% de chutes en moins.
L’un des pas suivants, qui a la faveur des fonctionnaires européens, concerne la communication entre véhicules qui peuvent prévenir des collisions.
Dès 2015, BMW, Yamaha et Honda ont ainsi créé le « Connected Motorcycle Consortium » qui par la suite a été rejoint par l’Association des Constructeurs Européens de Motocycles (ACEM), ainsi que par Kawasaki, KTM et Suzuki.
Le but est de concevoir le système « eCall » développé en automobile pour le rendre apte à détecter la présence ou l’approche d’une moto.
Cette vision numérique pourrait réduire, dans d’importantes proportions, les accidents qui surviennent dans les carrefours parce que l’automobiliste n’avait pas vu arriver le motard.
L’évolution ne s’arrêtera pas en aussi bon chemin.
On peut prévoir, qu’un jour, lorsque le motard souhaitera accélérer, sa moto freinera parce qu’elle aura détecté un risque de collision avec un autre véhicule, un cycliste ou un piéton.
Si les exigences sécuritaires l’imposent, il sera prévu que la moto puisse aller jusqu’à l’arrêt. Et, continuant dans cette science fiction, pas de souci à se faire, pas besoin de sortir un pied pour stabiliser la bécane : le système d’auto stabilisation gardera la moto à l’arrêt en équilibre sur ses deux roues !
Dans la recherche de nouvelles applications, les chercheurs de BMW sont allés très loin en développant une moto autonome.
Dans sa première version, elle a encore besoin d’une aide humaine pour démarrer. Un technicien la tient en équilibre sur un ou deux mètres.
Et puis, elle roule toute seule, accélère, freine et négocie des virages. C’est bluffant. On ne peut qu’admirer le degré de technicité acquis. On peut aussi se demander où est l’intérêt d’une moto autonome. « Fantastique, un tel engin pourrait me ramener à la maison quand je suis bourré », a blagué un internaute !
Mais plus sérieusement, qui se voit en passager d’une moto qui se conduit toute seule ?
à moins que le but soit de dégoûter tout amateur de scooters ou de motos et de lui faire prendre conscience qu’il vaudrait mieux emprunter les transports en commun.
Et il est fort probable que dans un avenir pas si lointain, une moto sera incapable de rouler plus vite qu’à la vitesse autorisée sur le tronçon sur lequel elle évolue.
Elle ralentira aussi d’elle-même à l’approche d’un virage en gardant une bonne marge de sécurité en fonction de l’adhérence qui pourrait être moindre que celle estimée par le pilote.
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