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LIBÉREZ VOTRE CERVEAU !
n’est pas un vice, c’est une immense vertu, et la base même de
l’intelligence. Aujourd’hui pourtant, ils sont nombreux, les penseurs
bas de plafond qui s’imaginent que l’intelligence, c’est restreindre
sa pensée. Les deux extrêmes sont dangereux : restreindre sys‑
tématiquement son espace mental où le laisser errer dans toutes
les directions, voilà deux postures également stériles. Il faut donc
équilibrer l’exploration et l’exploitation.
Quand Woodley, Te Nijenhuis et Murphy ont récemment pos‑
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tulé que l’intelligence générale diminuait dans la population , je
pense qu’ils se sont laissés entraîner par l’idée que l’exploitation,
c’est de l’intelligence. Si les sujets qu’ils ont testés ont simplement
fait preuve de plus de liberté mentale, de plus d’imagination,
de moins de conformité à l’expérience, alors, dans le sens de
Wissner‑ Gross, c’est une preuve claire que l’intelligence générale
augmente.
L’intelligence c’est la liberté. Enfermer son cerveau, ce n’est ni
brillant ni intelligent en soi : il faut savoir le faire, et tout travail
manuel confine un temps la liberté de mouvement de la main,
mais il faut aussi savoir s’en défaire. Comme le chante Burton :
« Oui, car il ne saurait savoir, qui ne saurait pas désavoir. » La
conformité, ce n’est pas de l’intelligence. De même que l’agriculture
industrielle appauvrit la biodiversité en érigeant la conformité en
vertu suprême, la nooculture industrielle (qui procède de la vie
notée, de l’école à l’université) appauvrit la noodiversité.
6) Pratiquez la méthode des Lieux
Spatialisez votre pensée, jusqu’à faire de cette technique une
seconde nature. Bâtissez‑ vous des palais intérieurs, ainsi vous
traiterez royalement votre vie mentale. Burton dit : « Fais de ta
pensée un empire », c’est l’idée générale. Le palais de votre vie
mentale commence par l’espace, mais il se poursuit par la mémoire
émotionnelle et la mémoire d’association. L’historien Pierre Portet
l’illustre bien dans la description qu’il donne d’une technique de
bornage médiévale : à défaut de tenir un cadastre écrit, les paysans
se mettaient d’accord sur la délimitation d’une parcelle et prenaient
un enfant comme témoin. Dès que l’enfant avait mémorisé le lieu,
1. Cf. p. 28.
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