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                                La Tribune des travailleurs - No264 - Jeudi 12 novembre 2020
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  ACTUALITÉ
Sauver la jeune génération de la catastrophe
   Pour le gouvernement, peu importe...
 «Impossible de lais- ser ce gouverne- ment sacrifier la jeunesse ! », titrait notre hebdoma- daire la semaine
dernière.
La semaine qui s’est écoulée confirme que le gou- vernement n’a que faire de la jeune génération et de son avenir. Ainsi, le ministre Blanquer a décidé, en ren- dant possible une organisation par demi-groupes en alternance dans les lycées, de priver les élèves de la moitié des heures d’enseignement auxquelles ils ont droit. Comment obtenir un vrai bac, comment pré- tendre à la poursuite d’études supé-
rieures dans ces conditions ?
Quant aux étudiants, privés d’en- seignement en présentiel depuis des semaines, ils doivent se débrouiller comme ils peuvent. À nouveau, la Conférence des présidents d’univer- sité (CPU) alerte, le 10 novembre, sur le « risque majeur de perdre le lien avec les étudiants » et s’inquiète en particulier pour les primo-entrants « qui n’ont pas encore les codes du travail dans le supérieur » ainsi que pour les nombreux étudiants « en situation de fracture numérique et de fragilité sociale ». C’est pourquoi la CPU demande un soutien de l’État pour mettre en place un suivi per-
sonnalisé des étudiants.
Mais, pour le gouvernement,
peu importe l’avenir des jeunes ! En revanche, ce gouvernement est très soucieux de l’avenir des capitalistes. Il leur déverse des centaines de mil- liards d’euros depuis le mois de mars... en contrepartie de plans de suppression d’emplois.
À l’heure où la presse se fait l’écho d’une possible fermeture prochaine des lycées et de classes dans les col- lèges, ces sommes colossales doivent être immédiatement affectées à l’embauche massive de personnels dans les établissements scolaires et les universités et l’installation de constructions modulaires de type Algeco. Oui, des personnels supplé- mentaires en nombre pour organiser la mise en place des demi-groupes dans les écoles, collèges et lycées – non seulement sans perte d’heures, mais aussi pour assurer le rattrapage des heures perdues l’an dernier –, pour assurer le suivi individualisé des étudiants... pour sauver la jeune génération de la catastrophe. n
Christel Keiser
    Dans le rassemblement des enseignants du 10 novembre à Marseille
Olfa
   Mère de quatre enfants scolarisés, l’aîné est en première en lycée professionnel
« Il faut arrêter le massacre »
Sofiane
Le fils d’Olfa, élève en première pro
« C’est très compliqué en visio »
«Le lycée a annoncé que les cours seraient une semaine sur deux en présentiel et l’autre en visio sans dire quand cela allait com- mencer. C’est vraiment problématique car ils ne seront pas tous au même niveau, à égalité. Mon fils, par exemple, n’a pas d’or- dinateur et la tablette prêtée par le lycée est en panne, on n’arrive pas à en avoir une autre. Il est en première et prépare son bac ! C’est vraiment compliqué, pour les élèves, ils venaient juste de reprendre l’école. Déjà que pendant le confinement l’an dernier, la moitié des cours en visio
n’ont pas eu lieu, c’est abuser. Il faut que tout le monde reprenne, avec des cours en présentiel, qu’on arrête de nous dire que présentiel et visio c’est pareil, il faut arrêter le massacre. Au gouvernement de prendre les mesures, de recruter des profs et de mettre à disposition des locaux non occu- pés, il y en a ! Ils sont en train de dégoûter nos jeunes, c’est à cet âge que commence le décrochage scolaire et cela me fait peur. Mon fils a des facilités et ne lâche pas, mais pour combien de temps ? Il prépare ses diplômes professionnels, les cours sont importants. » n
«Pour nous, les cours sont dans leur grande majorité en pratique. Du coup, c’est très compliqué en visio ! L’an dernier, pendant le confinement, j’ai eu du mal à suivre les cours et à faire les devoirs. Ils arrivaient à n’importe quelle heure, quelquefois à 23 heures. On n’avait plus nos repères. Les trois quarts des élèves de la classe n’ont rien fait pendant le confinement et, cette année, c’est encore pire que d’habitude pour eux ! On ne nous a pas fait récupérer les cours perdus l’an dernier alors que l’on a des examens à passer en 2021. Ils ont juste enlevé le français. J’ai peur aussi pour le stage, j’es- père qu’il va avoir lieu, sinon, on ne pourra pas passer en terminale, car le stage valide le passage. » n
 Erwan
17 ans, élève de terminale avec spécialité géopolitique et anglais appliqué, à Pantin (Seine-Saint-Denis)
« Avec le contrôle continu, j’ai l’impression de ne pas passer un diplôme »
C’est le confinement, mais je vais en cours. Nous sommes 30 dans les mêmes salles, les uns à côté des autres, à deux par table. Nous gardons
le masque sauf quand nous prenons la parole. Le lycée est surpeuplé car, cette année, il y a trois nouvelles classes de seconde, une de pre- mière et une classe STMG, dans les mêmes locaux, avec la même cantine. Un service sup- plémentaire a été instauré le midi, ce qui a eu comme conséquence de déplacer, voire d’an- nuler, certains cours pour allonger la plage horaire du repas.
Si tu as cinq minutes de retard pour y aller, c’est une heure de plus pour manger, c’est la course tout le temps.
Le masque est porté, mais il « glisse » sur le menton à la récré... Quant au gel, il est dis- ponible pour les profs en cours et seulement à l’entrée du lycée pour les élèves.
Cette semaine commence la nouvelle organisation des cours avec 50 % de présen- tiel pour les matières du « tronc commun » (anglais, espagnol, sport, sciences, philoso- phie), les « spécialités » restant à 100 % de pré- sentiel. En théorie, nous serons donc moins
D Côtes-d’ArmorRecruterpourgarantirl’instruction
nombreux en cours. Peut-être allons-nous faire le programme plus rapidement et com- penser les 50 % perdus...
Je considère que j’ai une scolarité incom- plète. Avec le contrôle continu, j’ai l’impres- sion de ne pas passer un diplôme, mais il y aura quand même quelques épreuves en fin d’année.
J’aurai un bac « Pantin », quelles en seront les conséquences ?
J’ai de bonnes notes, donc je suis opti- miste, je pense pouvoir m’en sortir. Mais com- ment fait-on avec des notes moins bonnes ? n
 Lycée Diderot, à Marseille Comment mettre en œuvre le protocole sanitaire avec treize agents non remplacés ?
 Le 6 novembre, lors d’une assemblée géné- rale des personnels, les agents signalent des personnels non remplacés en nombre important, ce qui rend impossible la réa-
lisation du protocole sanitaire.
Pourtant, la direction du lycée dit aux
parents d’élèves que tout va bien, que le net- toyage des salles est correct, que les poignées de porte sont nettoyées deux fois par jour. Mensonge caractérisé, donc !
Le 9 novembre, lors d’une nouvelle assemblée, les agents nous confirment qu’il y a treize personnels non remplacés sur un effectif total de trente-sept !
Une partie des enseignants décide d’exercer leur droit de retrait pour récla- mer le remplacement des agents absents. La seule réponse de la région est de redéployer quelques agents sur de brèves périodes.
Ce qui a des conséquences. Ainsi, une agente, déléguée du personnel, indique que
ans les écoles des Côtes-d’Armor, les que l’élève ne soit pas à l’abandon. À l’école enseignants, attachés à l’instruction, du Grand Léjon, à Plérin, ouverture immé- au droit de tous les enfants à recevoir diate de deux postes et recrutement de deux l’enseignement qui leur est dû, font PE pour en finir avec des classes à 27 élèves.
 le surcroît de travail est très important, que la situation crée des tensions et une division entre les personnels. Elle insiste sur les burn- out possibles. C’est pour l’instant le blocage puisque la région ne recrute pas de nouveaux agents pour faire face à la situation. n
Correspondant
l’état des besoins précis et concrets pour atteindre cet objectif. À Bobital, ouverture immédiate de deux postes et recrutement de deux professeurs des écoles (PE) pour passer à 27 élèves par classe en moyenne à 20 élèves. À Locarn, embauche immédiate d’un PE pour que le directeur malade soit remplacé et que les enfants aient classe. À Yffiniac, recrute- ment immédiat d’un AESH (1) pour satis- faire les douze heures d’aides notifiées par la MDPH (2) à un enfant handicapé. Sur la cir- conscription de Lamballe, plusieurs collègues contaminés par le Covid ne sont pas rempla- cés, un enseignant surveille deux classes : recrutement immédiat de huit remplaçants sur la circonscription. À Morieux, recrute- ment immédiat d’un AESH... pour remplacer l’AESH déclarée personnel vulnérable et pour
À l’IME (3) de Plémet, c’est une remplaçante de la circonscription de Lamballe qui fait le travail depuis fin septembre. Sur quatre postes, deux enseignants sur quatre n’ont pas reçu leur formation spécialiséé pourtant in- dispensable : recrutement d’un PE, envoi en formation spécialisée de deux PE.
Enfin, en cette période de pandémie, recrutement d’au moins dix médecins en complément du médecin à mi-temps pour l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale des Côtes-d’Armor. n
(1) AESH : accompagnant des élèves en situation de handicap.
(2) Maison départementale des personnes handicapées.
(3) Institut médico-éducatif.
    











































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