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38 René DESCARTES. 1596-1650. Ecrivain philosophe.
L.A.S. à Huygens de Zuylichem, chevalier conseiller et secrétaire de son Altesse en l’Armée. Egmont, 4 août
1645. 3 pp. bi-feuillet in-4, adresse au verso, 2 petits cachets de cire rouge à son chiffre « RC» [Renatus Cartesius]
sur soie jaune.
20 000/30 000
Superbe correspondance de Descartes évoquant ses méthodes de travail et touchant de près la querelle
d’Utrecht. Le philosophe indique d’abord à son ami Huygens, qu’il n’a pas l’intention de se consacrer
à un traité de chimie, déclarant avoir déjà écrit tout le peu qu’il savait dans la quatrième partie de ses
Principes, et avouant avoir peu de moyen pour mener des expériences en cette matière. Il se plaint ensuite
des attaques personnelles dont il est l’objet concernant ses publications de Groningue, et dénonce
les polémiques montées contre lui par Gisbert Voet et Martin Schoock, ainsi que les manœuvres des
magistrats de la cité d’Utrecht pour y censurer son œuvre. J’ay eu de la peine à me résoudre de vous envoyer cete
letre sans y joindre quelques discours touchant la chymie ainsy que vous avez tesmoigné le désirer (…). Mais ayant desjà escrit tout
le peu que je sçavait touchant cete matière en la quatriesme partie de mes principes lorsque j’y traite de la nature des minéraux et
de celle du feu et de tous ses divers effets (…) il ne m’est pas possible d’en rien escrire davantage (…). Il regrette de n’avoir pas
pousser plus loin cette matière en effectuant des expériences pour venir à la connaissance particulière de chasque chose
et n’ayant point de commodité de les faire. Ainsi renonce-t-il cette étude, ayant assez de chose pour occuper agréablement
le reste de ma vie. (…). Je n’aurais pas manqué aussy de faire imprimer les pièces qui me sont venuës de Gronigue si je n’avais eu
autre dessein que de nuire à mon ennemi (…). Il a envoyé la copie de ces papiers au Vroetschap d’Utrecht ainsi qu’une
correspondance de Voetius critiquant Descartes ; J’adjoustay une letre que je leur adressais pour me justifier et leur faire
entendre les raisons pour lesquelles ils me semblaient estre obliger à faire quelque réparation des affrons que j’ay reçeus de leur ville,
mais j’apprens qu’ils ont mesprisé tout cela (…). La ville d’Utrecht a défendu à tous libraires de rien imprimer ou distribuer
pro et contra Descartes. (…) Ils avaient seulement voulu auparavant me bannir de leur ville et à cete heure, ils en veulent bannir
mesme mon nom (…). Etc.
« C’est en 1642 que René Descartes, tout à la fois pour défendre sa philosophie et son premier épigone néerlandais,
rédige sa Lettre au R.P. Dinet. La publication de cette lettre déclenche une violente polémique aux Pays-Bas et
le recteur de l’Académie d’Utrecht, Gisbert Voet, commande à l’un de ses élèves, Martin Schoock, un pamphlet
anticartésien : L’Admiranda methodus. Ayant eu aussitôt connaissance de ce texte qui l’attaque jusque dans sa vie
privée, Descartes riposte par une Epître à Voet et adresse aux Magistrats une Lettre apologétique. Une narration
historique, rédigée à la demande des Bourgmestres d’Utrecht, retrace en détail les péripéties de cette tumultueuse
affaire qui s’achèvera par un délicat procès. » in Marion, La Querelle d’Utrecht, 1988.
Les lettres de Descartes conservées en main privée, sont d’une extrême rareté.
Joint une correspondance du début du XXe sur l’authenticité de la lettre de Descartes et sa publication dans
la Correspondence of Descartes and Constantijn Huygens, 1635-1647, éditée en 1926 par l’Université d’Oxford sous la
direction de Leon Roth.
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