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DOSSIER
« Faire du sport, c’est réduire
les complications post-opératoires
et le risque de perte d’autonomie »
À quoi sert d’être en forme lorsqu’on est malade ? Et puis comment pourrait-on l’être ? À quel point la
forme joue-t-elle sur la santé et inversement ? Éléments de réponse avec le docteur Nicolas Barizien,
Chef du service de Médecine physique et rééducation fonctionnelle en charge avec le docteur Morgan
Nicolas Barizien Le Guen, anesthésiste dans le service du Pr Fischler, du programme de préhabilitation développé à
Chef du service de Foch, axé sur l’accompagnement psychologique et la diététique mais aussi, surtout, sur une activité
Médecine physique et
rééducation fonctionnelle physique régulière, prescrite et contrôlée.
CONCRÈTEMENT, QU’APPORTE À VOS patient ira réellement « mieux » avant qu’après
PATIENTS LA PRATIQUE D’UN SPORT ? l’intervention.
e préfère parler d’activité physique et
QUELS ACTIVITÉS PHYSIQUES ET SPORTIVES
sportive plutôt que de « sport » à
PRESCRIVEZ-VOUS DANS LE CADRE DE VOS
Jproprement dit, qui évoque la haute
PROGRAMMES ?
performance et la compétition. Pour des patients
en attente ou en convalescence de chirurgie ou L’approche de chaque personne est très
traitements lourds, âgés en moyenne de 75 ans, personnalisée. Cela dépend de ses capacités, son
c’est surtout « d’activité physique » dont on parle. histoire, ses goûts. Si l’on parle de nos patients,
Elle est primordiale pour lutter contre ce que de 65 à 70 ans atteints d’une pathologie
nous appelons le « déconditionnement ». De cancéreuse, on prescrira une activité physique
façon très imagée, on pourrait dire qu’une cellule d’endurance (marche, vélo, natation, aviron) ainsi
malade, cancéreuse par exemple, « mange » qu’une activité de musculation (exercices avec
l’énergie du patient, le contraint à maigrir et à des haltères). Prescription au demeurant valable
perdre ses muscles, le démotive. C’est cela, le « pour tous, malades ou sains ! D’une certaine façon,
déconditionnement ». L’enrayer est très important nous ne faisons rien d’autre que décliner de façon
car c’est le meilleur moyen de réduire les individualisée ce que les cardiologues
complications post-opératoires et le risque de recommandent pour éviter les maladies
perte d’autonomie après une opération. cardiovasculaires.
AVEZ-VOUS DES PREMIERS RÉSULTATS ? QUELLES ÉVOLUTIONS ATTENDEZ-VOUS ?
Le professeur Carli (lire article « Sportez-vous Cette démarche s’inscrit pour les équipes de Foch
bien ») a mis en évidence que toute intervention dans le cadre d’une prise en charge globale,
chirurgicale majeure fait perdre 10% de capacités personnalisée et attentionnée des patients, dans
fonctionnelles dans les suites immédiates. Si un laquelle ils ont un rôle majeur à jouer. Pour
test d’effort montre qu’un patient peut marcher surveiller leurs efforts, leurs progrès, et les
425 pas en six minutes avant l’annonce de son encourager, nous comptons beaucoup sur les
opération ou chimiothérapie, il n’en marchera plus objets connectés qui nous permettent de
que 400 au terme de sa convalescence et sans conserver et entretenir un lien à distance. Car
préparation physique préalable. Avec une dans cette histoire, la psychologie joue aussi un
préparation, il atteindra 450 pas à la veille de grand rôle : la volonté de guérir et la confiance
l’opération ou traitement, qu’il ré-atteindra au en soi sont des facteurs importants de guérison,
terme de sa convalescence. Autrement dit, le et certainement des facteurs de mieux être.
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