Page 16 - E-Book L'Ouï-Lire
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Pour se donner du courage, Thomas se remémora les paroles de SanGoku (Dans Dragon Ball Z, en dessin animé bien sûr, pas le manga) : « Ce qui ne me tue pas me rend plus fort ». Il traversa la route d'un pas d'automate, et poussa la porte vitrée. Un bruit de carillon qui surjouait une sorte de joie forcée le crispa. Une fois ses pieds ayant franchi l’antre démoniaque, raide comme un piquet, il scanna l'ennemi de son œil de lynx perçant.
Contrairement aux froides bibliothèques de son souvenir, ce lieu le surprit par sa clarté et le dynamisme de ses couleurs. Tous les supports, les murs, le plafond, les étagères étaient blancs. D’un blanc de neige qui ferait presque sortir les lunettes de soleil, s’il n’était contrasté, atténué par les multiples posters, que l’intention marketing des éditeurs avait coloriée des teintes les plus vives possibles. Les tranches des livres amenaient également une touche de gaieté colorée, plus ou moins radieuse selon les collections éditoriales. La libraire était jeune et blonde et promenait derrière elle une queue de cheval qui se balançait à chacun de ses mouvements dynamiques. Elle portait une jupe bleue et des lunettes vertes. Ou l’inverse. Elle était très affairée, l’air toujours à sa tâche, virevoltant entre ses clients dont elle guidait le bout du nez vers le rayonnage qu’ils souhaitaient, et ses caisses en plastique rouge contenant des livres qu’elle semblait pour certains les sortir de leur chaude niche confortable l’air désolé, et d’autres leur souhaiter la bienvenue en les posant délicatement sur leurs nouveaux présentoirs, pile sous les feux des projecteurs.
Cela rassura un tantinet Thomas. Tout ce côté formidable lui donnait toutefois le tournis. Il osa s’avancer vers un monticule vers sa droite, d’une démarche de crabe. Il avait repéré une forme de graphisme qui se situait à la frontière des formes simples colorées de teintes vives des couvertures pour enfants et du design photographique de celles pour adultes. Le monde des ados.
Il parvint devant une sorte de table sur laquelle étaient disséminés dans une configuration recherchée plusieurs romans. Le bras tremblant Thomas en prit un au hasard. C’était la première fois depuis longtemps qu’il touchait un livre. Il ne tressaillit pas au contact du papier glacé mais fut surpris par le côté froid cette matière. Il retourna le livre, et se mit à lire ce qu’il était écrit derrière.
« Karine est amoureuse de Nourredine. Mais ils vivent dans deux mondes totalement opposés, culturellement et socialement. Sauront-ils dépasser la barrière de la différence ? ».
- C’est exactement l’histoire de Jeanne et moi, se dit à voix basse Thomas. Nos univers ne se ressemblent pas, pourtant, je l’aime à la folie...
Il reposa l’ouvrage et en attrapa un, plus gros, illustré d’une myriade de figures à l’air plus ou moins ésotériques, avec des crocs menaçants, des toisons moutonnant, sur fond de brume ténébreuse et d’arcs-en-ciel victorieux. Il retourna la bête, pour jauger son contenu et lut :
« Carlotta saura-t-elle remplir sa mission ? Il lui faudra braver ses plus grandes frayeurs pour réussir sa quête. Ce roman est un hymne au courage, celui enfoui au fond de chacun, qui permet de déplacer les montagnes ».
- C’est tout moi, ça... J’ai réussi à passer l’épreuve de la porte vitrée de librairie.. Je suis en train de vivre celle de l’agression par froideur de papier glacé, et sens mes neurones en


























































































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