Page 57 - Le grimoire de Catherine
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L’ATTRAPE-PAPILLON

              L’enfance de faïence

              Le trésor du silence

              Entrez dans notre errance


              A leurs yeux l’été poussait la porte de leur théâtre, celle de leur grange abandonnée
              durant l’année. Cette fois encore, ils arrivaient porteurs de nouvelles idées. Ils allaient
              basculer  dans leur refuge sacré.
              Ils commençaient par l’inventaire de ce qui avait survécu  aux petits mulots, ou servi de
              nids  aux  insectes  frileux.  Ils  y  découvraient  même  des  objets,  oubliés  là  après    les
              récoltes. Et hop dans la malle à trésors. De nouveaux nids garnis de vieilles racines y
              avaient été bâtis, à leur grande joie.

              Ils se demandaient qui pouvait bien y vivre. Quelle chance, ça pourra faire de nouveaux
              spectateurs.

              Les  vieux  rideaux  étaient  dépliés,  les  vêtements  et  chapeaux  débarrassés  de  leurs
              toiles  d’araignées  protectrices.  Les  poupées  à  la  bouche    carmin,  échevelées  et
              borgnes, étaient apprêtées pour redevenir  princesses tandis que les peluches avachies
              s’ébrouaient.

              Le décor mis en place, les acteurs, elle et
              lui, allaient pouvoir ouvrir le festival de l’été. Outre  les oiseaux déjà installés, il  fallait
              trier les invités. Partager ne se fait pas sans amour ni confiance. En fait, chaque année,
              une seule personne était élue, c’était une grand-mère  toujours prête à  s’émerveiller.

               Il faut ajouter, pour être complètement honnête, qu’elle faisait de délicieuses  gaufres
              à l’entracte.

              Le  programme  était toujours très apprécié. Les acteurs  dansaient, jouaient  à la diva,
              s’égosillaient.  C’était  le  bonheur.  Pourtant  cette  source  de  joie  un  jour  se  tarit.  Ils
              avaient grandi !

              Voilà  bien  ce  qui  détruit  le  temps  de  l’insouciance,  pourtant  la  rivière  des  rêves  est
              capable de s’écouler empruntant de drôles de détours. Le bonheur n’était peut-être pas
              de nouveau inaccessible. Les fruits de l’enfance sont à jamais précieux. Il suffit de les
              préserver et de magnifier leurs vendanges.

              Quelle  recette  pour  retrouver  ce  farfadet  appelé  Bonheur  qui  apparait    quand  on  ne
              l’attend pas, joue  mille  tours, puis disparait  brutalement ? Elle savait  maintenant qu’il
              ne s’attrapait pas avec une ficelle.
              Elle décida de faire un pas de côté. Il lui fallait refuser ses réticences face aux sacro-
              saintes  superstitions  et  emprunter  les  chemins  de  traverse.  Qu’est-ce  qui  porte
              bonheur ? Le trèfle à quatre feuilles ? Le chiffre  7 ? Le fer à cheval ? Le muguet ?






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