Page 76 - Le grimoire de Catherine
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Il faut reconnaitre qu’elle est bien souvent mal menée.  A mon tour de tenter  le tout
              pour  le  tout.  Je  lance  mon  SOS.    Martinets,  mésanges  à    longue    queue,  sarcelles
              élégantes, hérons cendrés, même  les aigles  royaux et les éperviers, tous arrivent à
              tire -d’aile et  se posent autour de nous.  Mon ami, le coq ne comprend rien.
               « -Voilà  mon secret. Je sais, à force de rôder près des habitations que les hommes
              complotent beaucoup  pour savoir comment s’enrichir par tous les  moyens. Je  ne les
              intéresse pas, aussi je peux les écouter à loisir.

              Tous les oiseaux qui viennent d’arriver  appartiennent  aux espèces  protégées donc
              lorsqu’ils s’installent  plus question  de déverser sur  eux  les poisons,  insecticides ou
              désherbants.  A  partir  de  maintenant    tu  ne  verras  plus  cet    engin  volant    étendre  le
              malheur  sur ta  superbe vallée.

              Je  viens  d’apprendre    ce  dont    sont  capables  les  hommes    et    qu’il  faut  toujours  se
              méfier pour  survivre de ce qu’ils nomment « bonnes idées ».

              Et du côté du Sud que peut-il y avoir ? Je  me sens pousser des  ailes, des ailes de
              grand  bien entendu.

              « Si  tu  es  prêt    pour  affronter  une  autre  découverte,  demande  au  vent  de  nous  y
              orienter » Voilà, nous y sommes, rien d’inquiétant ! Des arbres, des arbres à perte de
              vue, il y a en même un qui dépasse  les autres, un somptueux  eucalyptus.

              « ll  s’agit de l’arbre  philosophe aux pouvoirs  insoupçonnés. Si tu es courageux         tu
              peux t’en approcher, chaque feuille que tu déploieras te révélera une partie du  mystère
              de la vie.  Fais  bien attention, tu ne peux tenter que  cinq fois  ta chance»

              Pour  mon premier choix, je me saisis d’une toute  jeune pousse, la porte à mon oreille,
              elle  tremble! Elle me raconte que tout ici chantonne, même  les  frêles oisillons , tout le
              monde   ne pense  qu’à  sauter , danser  au travers  des prés  nouvellement fleuris .
              Monsieur Vivaldi a dû lui faire  entendre son  printemps pour l’inciter à  grandir dans
              l’enthousiasme.
              Intéressé, j e continue. Allons  en consulter une autre, une en pleine de maturité. Elle
              prend  ses aises et  me lance  un petit  jet de ses effluves pour  jouer. Je tends ma
              patte, elle  est ravie de me raconter tout ce qui la met  en joie.

              Elle sait à qui  elle s’adresse, me décrit  les roucoulements et autres  du coucou, de la
              tourterelle  sans oublier ceux du chardonneret. De l’orage »même pas peur », tient  elle
              a  dû entendre parler des enfants ! Notre musicien  l’a  gâté également, lui parlant de la
              plénitude  de l’été.

              La  troisième et la  quatrième me racontent  des histoires beaucoup plus sombres. Je
              ne m’attarde pas, intrigué  par l’enchevêtrement feuillu qui se trouve tout au sommet de
              mon géant.  A peine posé trois plumes me voilà pris  dans  une nasse, réceptacle de
              cris perçants, je dirai même persans.  Me voilà terrorisé ! Hurlements,  ricanements, si
              je ne me sauve pas  je vais devenir le  jouet de  ces  occupants diaboliques. Je   fuis et
              me réfugie  sous l’aile de mon coq qui s’étrangle de rire








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