Page 25 - regards d'un promeneur à paris - 2ieme partie
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« Les roues de Paris »
Attachées aux grilles, posées contre le mur, Vers son amant
sur le béton gris, perdues dans la verdure, elle roule en souriant,
marquées par l’usage, parées en coquettes, ses cheveux dans le vent
au coin des rues on les croise : les bicyclettes. et son regard aimant.
Une selle, un guidon, Sous le fardeau, le livreur est en lutte,
deux roues, des rayons, dans la dure ascension à flanc de colline.
des tubes, des boulons Il doit souffler un peu, et éviter la chute,
et la sonnette, strident son. de son visage crispé, la sueur dégouline.
Des portes des usines à celles des lycées, Un vieux monsieur revient du marché,
de la dame bien mise au livreur fatigué, il pédale doucement tout en sifflotant.
pentes de Ménilmontant ou bords de Seine, Des poireaux et des fraises dans le panier
c’est le monde où tu gouvernes, petit reine. il prend son temps, un long escalier l’attend.
Sur son vélo juchée, Attachées aux grilles, posées contre le mur,
comme un bateau ivre sur le béton gris, perdues dans la verdure,
elle cahote sur les pavés, marquées par l’usage, parées en coquettes,
mais l’asphalte la délivre. au coin des rues on les croise : les bicyclettes.
© Erick Gaussens Hillwater - 2023