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Origine des noms de bateaux
haque bateau se doit de porter un nom. Une promenade sur les pontons est instructive. On y
C découvre des« Samsuffi », des «Rêve des Iles», des « Mariga », qu’on imagine être une île
espagnole mais qui est, tout simplement, l’assemblement des initiales des prénoms d’enfants. Par
contre, d’autres noms évoquant des histoires ou des personnages de mer ont retenu notre
attention. Nous avons donc recherché dans nos livres d’histoires de mer l’origine de ces noms.
NABUCCO
n pourrait penser que le propriétaire de ce bateau à mo-
O teur est un adepte de musique classique et de Verdi en
particulier. Pas du tout. Ce bateau est un bateau d’occasion et
le propriétaire actuel n’a pas voulu le débaptiser. Il se nom-
mait Nabucco et restera Nabucco.
Nabucco (titre initial : Nabuchodonosor) est un opéra en qua-
tre actes de Giuseppe Verdi sur un livret de Temistocle Sole-
ra, tiré de Nabuchodonosor (1836), drame d'Auguste Anicet-
Bourgeois et de Francis Cornu et créé le 9 mars 1842 à la
Scala de Milan. Il évoque l'épisode biblique de l'esclavage des
juifs à Babylone symbolisé par le chœur de la troisième par-
tie, le Va, pensiero des Hébreux auxquels s'identifiait la popu-
lation milanaise alors sous occupation autrichienne.
Verdi est un compositeur « engagé ». À l'époque où le com-
positeur écrit la musique de Nabucco, la population milanaise
est sous domination autrichienne. Il faut voir cet opéra com-
me l'appel d'un peuple pour son indépendance avec, comme point culminant, le fameux Va, pensie-
ro, connu également sous le nom de « chœur des esclaves », véritable hymne à la liberté. D’ail-
leurs, « Je chante avec toi liberté », une chanson écrite par Pierre Delanoé et Claude Lemestre et
interprétée par Nana Mouskouri est basée sur l’air du « chœur des esclaves », tiré de l’opéra de
Verdi.
On n’oubliera pas non plus la légende de « Sissi, face à son destin » : à Milan, le couple impérial
doit assister à un opéra. Au lieu d'ouvrir la représentation par l'hymne autrichien, tous les Italiens
présents entonnent « Le chœur des esclaves » du Nabucco de Verdi. Les conseillers de l'empereur
se rendent alors compte avec horreur qu'à de rares exceptions, tous les nobles italiens se sont fait
remplacer par leurs domestiques. Au lieu de quitter les lieux, comme prévu par les dissidents, et à
l'instigation de Sissi, les Autrichiens applaudissent, et la réception a lieu, et les "nobles" sont pré-
sentés à Leurs Majestés. Les nobles milanais sont donc ridiculisés, étant passé pour des rustres ne
valant pas mieux que des cochers ou des cuisinières.
Il faut savoir que l'air du chœur des esclaves hébreux (Va, pensiero) fut à plusieurs reprises propo-
sé pour hymne national de l'Italie.
Et puisque nous sommes marins, on n’omettra pas de préciser que Nabuchodonosor a donné son
nom à un format de flacons en verre d'environ 16 l, plus grand que le Balthazar (12 l), mais plus
petit que le Salomon (18 l).
La Gazette des Pontons N° 95 page 4