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Vieux métiers de la mer
Ramasseur de galets pour les routes. Les galets plus gros servaient
de lest à fond de cale pour les bateaux à voi-
le. Il faut souligner que ces galets étaient
e vieux métier du 19 ème siècle qui n’a jetés ensuite à la mer dans les ports d’arrivée
C pas totalement disparu existait princi- afin de faire de la place pour la marchandise.
palement sur la côte d’albâtre au pays de Selon des plongeurs, on trouve des pyrami-
Caux, là où se trouvent les falaises crayeuses des de galets venus d’ailleurs dans l’avant-
aux pieds desquelles se trouvent d’immenses port et dans la rade de Toulon. On en trouve
plages de galets. Mais il en existait égale- aussi en rade de Hyères vers le port de la
ment à Nice où l’on trouve également des Capte. Ils ont été jetés des bateaux venant
plages de galets. chercher du sel. Leur exportation dans les
Les ramasseurs : ils avaient des statuts dif- pays d’outre-Manche comme « galets céra-
férents. Pour certains, c’était une activité mique » pour la fabrication de la porcelaine
annuelle, pour d’autres un complément de cela se chiffrait par milliers de tonnes. L'ex-
revenu. Certains pêcheurs, en dehors des ploitation a été telle qu'aujourd'hui il ne reste
campagnes de pêche augmentaient ainsi plus que la moitié de la ressource qui est une
leurs revenus par cette activité. Il y avait protection naturelle contre les tempêtes et
surtout des femmes dont c’était le seul salaire l'érosion des plages. Le ramassage des galets
pour vivre, bien maigre d’ailleurs, il faut le a fait vivre de nombreux artisans. Mais si
souligner. La rémunération se faisait soit en leur exploitation fut d’abord artisanale avec
fonction du poids récolté, soit à la tâche. Plus les chevaux, elle devint vite industrielle dans
la bille de galet était ronde et petite, plus elle les années 50. Cette exploitation fut telle-
avait de valeur. Les ramasseurs de galets ment intense pendant plus de deux siècles
étaient affublés de noms divers : galérien, que le nombre de galets ramassés correspond
corbeau des falaises, cailloutier, ramasseu- au stock restant sur le littoral concerné. C’est
ses…Les galets étaient ramassés puis ache- pourquoi afin de protéger les côtes norman-
minés à dos de mulets, ânes, chevaux, ou à des (qui sont les côtes les plus menacées de
dos d'homme dans une hotte en escaladant la France), le ramassage des galets est interdit
falaise à l'aide d'une corde. A l’abri des ma- depuis 1975. Les prélèvements sont encore
rées, sur un sol plan on procédait au tri. Les autorisés mais limités du côté de Cayeux où
galets étaient triés pour ne garder que les une dizaine d’entreprises les ramassent et les
billes les plus petites, car c'est la petitesse qui exportent.
augmentait le prix. R. Brunelière
Les galets, une fois broyés, entraient dans la
fabrication, et encore de nos jours, de la
porcelaine, de la céramique mais aussi dans
la peinture servant notamment au marquage
au sol des routes, entre autres.
Les galets une fois triés étaient ensuite trans-
portés vers les bateaux ou les trains. Ils
étaient souvent vendus à des intermédiaires
qui étaient chargés de trouver des clients
pour cette marchandise. Les galets étaient
souvent exportés vers l’Angleterre, l’Allema-
gne, la Hollande le Japon ou l’Amérique du
Sud. On en extrayait tous les ans, de grandes Ramasseuses de galets,
quantités, en vue de leur utilisation comme à droite des porteuses qui lorsque leur panier
matériaux de construction, d’empierrement sera plein (poids 40 kg) vont le hisser en haut de
la falaise.
La Gazette des Pontons N° 95 page 9