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RUÉE VERS LE NÉANT…
C’est un petit matin frileux, le soleil en T-shirt, le ciel en string
bleu et moi… dans une boite en carton frigo-congélo Brandt
devant les portes de Vuitton…
J’aime ce moment entre rêve et réalité. Le brumeux qui
s’impose comme un bienfait avant d’être… viré comme un mal-
propre par la société civile dite civilisée dont je suis
l’indispensable marge… mais l’effet aveugle voire borgne de la
chose me fait vomir de la bile chaque matin sur les pompes des
vigiles propres de près mais loin de connaître le mot respect…
Et de concert avec moi-même je gueule tel un chien édenté de
toute ma dignité de bipède blessé et je remballe mon attirail
dans mon chariot à la caddy et je vais m’octroyer un autre
emplacement plus digne sur le trottoir des obligeants qui est
mon pâturage pour la matinée à la monnaie clémente…
Et puis je vais me retirer sous le couvert d’une petite faim chez
l’ami Paul dans son dortoir du Square Trousseau et enfiler
quelques restes d’aliments des habitants contagieux de bonnes
actions. Et puis je vais d’un pas moins assuré me reposer dans
les rues parallèles et éviter des congénères bien bien barrés de
râlements, meuglements, de chicanes…
Et puis mon amie soirée va venir me rejoindre, on va picoler,
prolonger à la première brume du delirium, mon caddy
menotté par sécurité, je vais transformer le tout à vomir une
nouvelle fois sur ma vie de paria sans souvenir des miens, de
ma vie d’avant, un arrêt sur l’image de la femme de ma vie…
qui m’a détruit… cette sociopathe…