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INTERNATIONAL 11
Dimanche 1er Décembre 2019
OIAC Iran
MOSCOU ET WASHINGTON Téhéran s'insurge
après les menaces de
S'ENTENDENT POUR FAIRE INTERDIRE sanctions françaises
Le ministère iranien des Affaires
DEUX PRODUITS CHIMIQUES étrangères a vivement critiqué son
homologue français, Jean-Yves Le
Drian, qui présage un retour des
sanctions de l’Organisation des Na-
Etats-Unis et Russie «n'ont pas oublié comment négocier» : l'envoyé de Moscou auprès de l'OIAC
tions Unies contre l’Iran. Téhéran n'a
s'est félicité du terrain d'entente trouvé pour ajouter le Novitchok et un agent neurotoxique fabriqué
pas du tout apprécié la récente sor-
par l'OTAN sur la liste des produits interdits. tie de Jean-Yves Le Drian. Le minis-
tère iranien des Affaires étrangères a
jugé «irresponsables» et «non
constructives» les déclarations du
chef de la diplomatie française, qui
présage un probable déclenchement
du mécanisme de résolution des
conflits prévu par l'accord de 2015
sur le programme nucléaire iranien.
«L'Iran a réduit ses engagements nu-
cléaires en recourant à ses droits lé-
gaux de réagir à la sortie illégale et
unilatérale de l'accord par les Etats-
Unis et au manquement des parties
européennes à leurs obligations», a
déclaré ce 28 novembre le porte-pa-
role du ministère iranien des Affaires
étrangères, Abbas Mousavi. «Dans
ces circonstances, l'accord ne prévoit
our la première fois de de Sergueï Skripal et de sa fille. sieurs égards. «Résoudre le reuses «auraient dû être signa- pas le déclenchement de ce méca-
son histoire, l'annexe La seconde, présentée par la problème concernant les listes lées à ce moment-là mais cela nisme. [...] Les propos de ce respon-
Pconcernant les produits Russie, vise un agent neuro- est une chose positive», a-t-il n'avait pas été fait», a-t-il dé- sable français sont irresponsables et
de la Convention sur l'interdic- toxique conçu dans les labora- réagi, avant de souligner qu'il ploré. pas constructifs», a-t-il ajouté.
tion des armes chimiques a été toires secrets de l’OTAN s'agissait du résultat des dis- La Russie avait suggéré dès
amendée avec l'ajout de deux pendant la guerre froide. «Les cussions entreprises entre 2018 d'ajouter plusieurs pro- Le «Snap-Back»,
nouveaux produits. Ces deux deux déci- Washing- duits chimiques fabriqués en outil de contrôle de l'Iran
La Russie et les Etats-Unis ont
ajouts, votés à l'unanimité des sions adop- ton et Mos- Occident à la liste de la
fini par montrer que nos
membres de l'Organisation tées reflètent cou. «La Convention mais cette proposi-
délégations n'avaient pas «Tous les deux mois, il y a une en-
pour l'interdiction des armes des proposi- Russie et tion avait été rejetée. En ré-
oublié comment négocier coche supplémentaire [de l'Iran] si
chimiques (OIAC), font suite à tions sou- les Etats- ponse, trois pays, les Etats-Unis,
bien qu'on s'interroge aujourd'hui, je
deux propositions distinctes. mises dans le contexte de la Unis ont fini par montrer que le Canada et les Pays-Bas,
le dis très clairement, sur la mise en
La première, portée conjointe- menace croissante que repré- nos délégations n'avaient pas avaient souhaité y inclure le
œuvre du mécanisme de règlement
ment par les Etats-Unis, le Ca- sentent les armes chimiques et oublié comment négocier», a-t- Novitchok. L'OIAC avait alors
des différends qui est prévu dans le
nada et les Pays-Bas, vise le de leur utilisation récente, qui il insisté. Le diplomate a ajouté validé cette seconde proposi- traité», avait dit, la veille, Jean-Yves
Novitchok, terme générique imposent à l’OIAC de s'adapter que la famille d'agents neuro- tion en septembre, mais Mos- Le Drian. «Étant donné la succession
définissant les agents innervant en permanence», a commenté toxiques de l'OTAN en question cou, n'ayant pas obtenu gain de d’actions prises par les autorités ira-
développés sous l'ère sovié- l'Organisation. comprenait des produits chi- cause de son côté, y avait mis niennes, qui sont progressivement
tique – mais dont la formule est Alexander Choulguine, l'envoyé miques fabriqués par les Etats- son véto. Une impasse diplo- en rupture avec le contenu du
connue de plusieurs pays – uti- russe auprès de l'OIAC, s'est fé- Unis dans les années 1970 et matique qui vient donc de
JCPOA [l'accord de Vienne sur le nu-
lisés dans l'empoisonnement licité de ces décisions à plu- 1980. Les substances dange- prendre fin.
cléaire iranien], la question se pose»,
Gabon a-t-il ajouté.
Le dispositif en question est appelé
La Russie contribue à la lutte «Snap-Back» : c'est un mécanisme
de retour automatique de toutes les
contre le braconnage dans le pays sanctions de l’ONU si l’Iran viole ses
obligations, qui permettra de s’assu-
La Russie, par la voix de son mi- lutte contre le braconnage et la trale (Cafi). Depuis plusieurs an- Chine d'interdire le commerce rer que Téhéran respecte ses enga-
nistère de la Défense, a annoncé protection des parcs nationaux». nées, les autorités gabonaises de l'ivoire en 2017, entraînant gements pendant toute la durée de
la livraison gratuite d'armes au «Avant tout, il s'agit d'assurer la ont mis en place une politique une chute de son prix. Bien d'au- l’accord. Le président américain Do-
nald Trump s'est retiré unilatérale-
Gabon dans le but de contribuer sauvegarde du nombre d'élé- de conservation relativement tres défis subsistent, notamment
ment du pacte nucléaire iranien
à la lutte contre contre les bra- phants de forêt dans ce pays, poussée. le trafic de pangolins, petit ma-
l'année dernière. Depuis, Washing-
conniers et à la préservation des dont la population est la plus Le pays possède 13 parcs natio- mifère à écailles dont la chair est
ton a imposé des sanctions de plus
éléphants du pays. Le ministère grande du continent», indique le naux, qui couvrent 11% de son prisée des gourmets chinois et
en plus sévères contre Téhéran. La
russe de la Défense a annoncé ministère dans son court com- territoire, et 20 aires marines vietnamiens, tout comme le sont
Grande-Bretagne, la France et l’Alle-
avoir livré gratuitement des muniqué diffusé dans la nuit du protégées. Le Gabon héberge leurs écailles, leurs os et leurs
magne ont cherché à sauver le
armes au Gabon afin d'aider ce 28 au 29 novembre. Le Gabon près de 60% des éléphants de organes dans la médecine tradi-
pays à lutter contre les bracon- est situé en plein coeur de la forêt qui subsistent en Afrique. tionnelle asiatique. Après des pacte, en vertu duquel l’Iran s’enga-
niers et préserver la population forêt tropicale d'Afrique cen- Lee White, biologiste britan- années de retrait, Moscou a re- geait à mettre un terme à son pro-
d'éléphants du pays. Moscou n'a trale, appelée «le deuxième nique naturalisé gabonais et lancé ses ambitions africaines en gramme d’enrichissement
pas précisé la quantité d'arme- poumon de la terre» après nommé en juin ministre de la organisant un sommet Russie- d’uranium, en échange d’une levée
ments donnée, mais seulement l'Amazonie, qui «couvre un ter- Forêt du Gabon, a indiqué en Afrique en octobre à Sotchi, am- des sanctions. Mais jusqu'à présent,
l'Europe s'est montrée réticente à
précisé qu'il s'agissait «d'armes ritoire aussi vaste que l'Europe septembre que le pays avait bitionnant de doubler les
passer outre les sanctions améri-
à feu destinées à assister le gou- occidentale», selon l'Initiative freiné le braconnage d'élé- échanges commerciaux avec le
caines.
vernement [gabonais] dans la pour la forêt de l'Afrique cen- phants, aidé par la décision de la continent d'ici à cinq ans.