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             Jeudi 22 Août 2019
                                                                             Bechar


                LE 12E FESTIVAL NATIONAL DE DIWAN



                             DU 31 AOÛT AU 3 SEPTEMBRE



              Une dizaine de troupes musicales ont été sélectionnées pour prendre part au 12e Festival national de musique diwan prévu dans à Bechar
                                                       du 31 août au 3 septembre, annoncent les organisateurs.
                  e festival de diwan, le
                  seul existant désoramis,
            Cdevra se tenir au com-
            plexe olympique El Borga (ville
            de Béchar) et accueillir 12
            troupes en compétition dont
            trois nouvelles formation de
            musique diwan en provenance
            de Adrar, Tindouf et Nâama.
            "Banga Ness El Waha" de Ouar-
            gla, "Ouled Mejdoub" de Mosta-
            ganem, "Sidi Blel" de Ghardaïa,
            ou encore "Ahl Diwan" de Be-
            char, comptent parmi les troupes
            en compétition.
            En plus de la compétition, le pu-
            blic bécharoi devra pouvoir ap-
            précier les prestations de "Raïna
            Raï", "Nora Gnawa", "Taferka" et
            "Echraâa".
            Les organisateurs prévoient éga-
            lement un hommage à un des
            doyens du diwan, Mâallem Mo-
            hamed Bahaz, de 77 ans, un ha-
            bitué du festival auquel il a
            plusieurs fois participé avec une
            troupe constituée de ses pro-  de le programmer tous les deux  dani Ammari, a indiqué que  six".                    teurs préconisent depuis plu-
            pores enfants.               ans en alternance avec la version  l'événement bénéficie d'une en-  La location de matériel tech-  sieurs années de délocaliser ce
            Coïncidant d'habitude avec le  internationale programmée à  veloppe financière de "cinq mil-  nique (scène, son et lumière)  festival vers une des oasis tou-
            mois du patrimoine (18 avril-18  Alger et qui vient d'être cette  lion  de  dinars"  ce  qui,  "consomme, à elle seule,  le  ristiques de la Saoura et de fixer
            mai), ce festival connaît de  année.                      explique-t-il à l'APS, se réper-  quart du budget" alloué au fes-  des dates plus adaptés corres-
            grandes perturbation depuis  Le commissaire du Festival na-  cute sur la durée du festival "ra-  tival", se désole-t-il.    pondant aux grandes affluences
            2015, l'année où il a été décidé  tional de musique diwan, Ham-  menée à quatre jours au lieu de  Habitués du festival et observa-  de visiteurs de la région.
                                                                        Musique Diwan

              Un genre qui se popularise et gagne le Nord algérien


            Enraciné dans la culture du Sud-Ouest al-  cles, traversant, sans grands dommages, la  avec des musiques du terroir», se félicite le  culturel. Et le partage du diwan nous per-
            gérien, le diwan ou le gnawi, de nouveau  période coloniale. Après l'indépendance, le  musicien. L'amalgame fait par le public  met d'élargir le substrat culturel que parta-
            mis à l'honneur à l'occasion d’un Festival  diwan a conservé ses pratiques mystiques  entre le diwan et le reste des styles musi-  gent les Algériens de différentes régions
            culturel international de musique diwan,  et le caractère intime et restreint, quasi  caux du Grand Sud, est lui aussi un facteur  pour pouvoir communiquer et échanger»,
            s'est imposé en une décennie sur la scène  ésotérique, de ses cérémonies organisées  qui a beaucoup facilité la propagation du  affirme le musicien. De fait, le succès du
            musicale du nord de l'Algérie et s'attire les  dans le Sud-Ouest et quel-ques autres ré-  diwan. Ce métissage s'est avéré positif, se  diwan a révélé une dimension mystique de
            faveurs d'un public de connaisseurs, jeunes  gions d'Algérie où vivent de petites confré-  réjouit Tayeb Laoufi qui estime que l'intérêt  la réappropriation du patrimoine musical,
            pour la plupart et de plus en plus exi-  ries d'inspiration soufie.  Vers la fin des  porté par le public à la «vaste étendue cul-  au-delà de l'aspect musical, parfois décrit
            geants.                             années 1990, il sort de l'ombre, grâce à  turelle (de l'Algérie) ne peut être que bé-  comme «facultatif».  Le succès du diwan
            Au départ, musique des esclaves déportés  «Gaâda Diwan Béchar» et à la fusion de  néfique». Néanmoins, un travail subtil  au-delà de ses frontières géographiques
            de certains pays d'Afrique subsaharienne  diwan, reggae, et rai du groupe «Gnawa  s'imposait pour donner à cette musique  naturelles, a provoqué, en outre, un grand
            (Soudan, Mali, Guinée...) vers le Maroc, le  Diffusion», crée en France au milieu des an-  une dimension festive capable d'emporter  engouement de la part des jeunes du nord
            diwan est un style mystique basé sur des  nées 1990, qui le propulsent sur la scène  l'adhésion du public, grâce à des arrange-  de l'Algérie pour la culture et le mode de
            chants incantatoires accompagnés d'un jeu  musicale algérienne.  Dans un style ancré  ments musicaux propres aux deux groupes,  vie des communautés gnaoua et des popu-
            instrumental  au gumbri, tambour et kar-  dans le terroir poétique pour l'une, plus  à l'intro- duction d'instruments  qui «par-  lations du Grand Sud, en général. Les
            kabou. Comme le précisent beaucoup  festif et engagé pour l'autre, les deux for-  lent à la jeunesse» et au pari sur la fusion,  portes du Sud étant ouvertes aux curieux,
            d’adep-tes de ce style, le diwan n'est que la  mations ont réussi à «retoucher» cette mu-  un travail de pure forme  concernant cette  la scène musicale algérienne  a connu,
            partie émergée d'une culture ancestrale  sique mystique pour la rendre accessible à  dernière, com-me l’explique Tayeb Laoufi.  grâce à ce regain d'intérêt, un foisonne-
            appelée «Tagnaouit» et centrée sur un  un large public de profanes, de plus en plus  Au début, beaucoup d'observateurs assimi-  ment de formations musicales qui tentent
            Maâllem (maître), et la Hadra, appelée aussi  demandeurs de ce genre. Selon Tayeb  laient la fulguran- te ascension du diwan à  tant bien que mal de perpétuer la tradition
            Lila ou Diwan, une forme  de rituel mys-  Laoufi, membre fondateur du groupe  un simple phénomène de mode, mais les  du diwan sur toutes  les scènes locales, à
            tique profond. Transmis oralement, les  «Gaâda Diwan Béchar», le public était «pré-  deux groupes précurseurs de ce style sont  l'instar de «Dar Bahri», une confrérie de
            textes de ces chants rituels, parfois compo-  disposé» car il avait «soif de culture». Le  la preuve de leur longévité et l'engoue-  Constantine sortie de l'anonymat en 2010,
            sés dans les dialectes des pays du Sahel,  «matraquage des musiques venues du  ment grandissant du public pour leurs  ou éDiwan Dzairé, un groupe qui a révélé
            n'ont jamais été transcrits ni même traduits,  Moyen-Orient et d'Occident», dit-il, a relé-  spectacles, rappelle-t-il. Par ailleurs, le  la famille Bahaz qui formait une confrérie
            alors même que les cérémonies du diwan  gué le patrimoine musical maghrébin au  diwan, comme tout élément constitutif  entre Alger, Blida et Tipasa. Au côté de ces
            sont soumises à des règles très strictes que  rang de sous-culture et de simple folklore.  d'une identité culturelle, représente, aux  confréries familières depuis toujours de la
            les Maâlmine (maîtres) transmettent à leurs  «Quelques groupes se sont attelés à chan-  yeux de Tayeb Laoufi, un «accélérateur de  tradition du diwan, un très grand nombre
            disciples (Guendouz), sur des générations  ger le regard sur nos cultures musicales, et  la communication entre les différentes ré-  de groupes amateurs se sont, eux aussi, es-
            depuis des siècles.  C'est ainsi que le diwan  la jeunesse algérienne a suivi, découvrant,  gions d'Algérie».  «L'on ne peut s'entendre  sayé au diwan après des voyages initia-
            a réussi à survivre durant près de cinq siè-  du coup, qu'elle pouvait, aussi, s'éclater  qu'après s'être mis d'accord sur un récit  tiques dans la région de la Saoura.
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