Page 83 - ENDIRE N°5 OCTOBRE17
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JOUR 18 : LES MANDARINES DE L’AMITIÉ
La nuit a été agitée à cause de mes blessures qui m’ont titillé. La journée débute elle par un programme
costaud : une ascension sur 80 kilomètres à faire en deux paliers et des passages ponctués de multiples
« hé gringo ! » sans doute pas méchants mais chargés quand même d’un accent péjoratif un peu
exaspérant. L’enchaînement des grimpettes et des descentes me coupe aussi les jambes. Je parviens
quand même à retrouver du rythme et à franchir le col. Suivent 40 bornes de descente sur un vrai
billard et avec un énorme contraste de température. Après l’air frais, voilà la canicule et le retour des
moustiques voraces. Mais une belle surprise m’attend : dans une tienda, où je me suis arrêté un
moment, j’entame une petite discussion avec un papy. Je lui explique mon parcours. Il s’éclipse alors et
revient vite, tout content de m’offrir trois délicieuses mandarines. Une attention touchante. Le soir, à
Chincheros, ce sera bien différent. A la fin de l’étape, personne ne m’aidera à monter mon vélo de 25
kilos au dernier étage de l’hôtel.
JOUR 19 : EN MANQUE DE CARBURANT
Aujourd’hui, il va falloir d’abord franchir un col à 4300 mètres. Heureusement, les pourcentages sont
raisonnables. Au sommet, un troupeau de vigognes me regarde passer avant ma rencontre avec un
jeune français qui, en solitaire, parcourt la planète sur un vélo de 60 kilos. Il est parti il y a déjà
longtemps et ne compte pas rentrer avant un an et demi. Il envisage même de pousser jusqu’en Alaska !
Il se dit impressionné par ce que je réalise mais le vrai aventurier c’est lui. Et de loin. Chapeau mec !
Plus bas, dans la vallée, je mange à Handahuaylas. Je m’offre pour 5 soles (la valeur d’un euro) un repas
tellement copieux que je n’arrive pas à en venir à bout. La reprise s’avère physiquement difficile mais je
bénéficie cette fois des sympathiques encouragements d’ouvriers travaillant dans les champs de
pommes de terre. En parvenant à Huancarama, au terme de 170 kilomètres et de 3000 mètres de
dénivelé, j’ai encore besoin d’un dîner consistant. Je le sens, j’ai sacrément pioché dans mes réserves et
mon organisme réclame du carburant. D’ailleurs, ma pesée d’hier le confirme. J’ai perdu 5 kilos !