Page 12 - Livre Kreitman-Ledermann nov 2019
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Abram Yankiel (Avrum) le second fils de Gdalja et Rojzlia épouse à Berlin la jeune fille qui lui est destinée, Hinde Esther Singer.
Isaac Bashevis Singer, le frère d’Esther Kreitman décrit, sans ménagement Gdalja, le beau-père de sa sœur...
“Un Juif de Varsovie, Reb Gedaliah, - grand, massif, la barbe taillée en rond - administrait les fonds collectés pour une yeshiva en Palestine. Ses fils avaient échappé à la conscription en partant pour la Belgique, où ils étaient tailleurs de diamants. Mais son emprise sur eux restait si grande qu’il arrangeait leur mariage à distance“... (Le tribunal de mon père, 1966)
  “Mais (il était) riche aussi, autoritaire, égoïste, imposant, important“ dépeint P. H. Levy dans la préface du livre
d’Esther intitulé Le diamantaire. Et d’ajouter “jeune mariée, Esther a peu vécu en Belgique, assez de temps néanmoins pour y mettre au monde son fils, (Maurice Karr/Carr) et pour décrire à sa famille restée en Pologne la crise que traversait le commerce des diamants. Dans une longue lettre elle avouera que son mari ne travaille plus depuis des mois, qu’il ne rapporte plus d’argent, qu’elle et son bébé sont dans une “situation épouvantable“.
Et Hazel Karr, le petite fille d’Esther d’ajouter...
“Lorsque qu’Esther et Abraham vinrent à Anvers, ils se révoltèrent contre la religion. Esther enleva sa perruque et son mari rasa sa barbe. Quand son beau-père l’apprit, il devint furieux et leur coupa les vivres.
C’est ainsi qu’ils furent pauvres le reste de leur vie.“
Maurice Karr évoque la rencontre de sa mère Hinde Esther et de Reb Gdalja, le père de son futur époux...
Israël, Esther, et Isaac Singer, par Hazel
 “A vingt ans, Hindele, sans dot semble destinée à rester vieille fille. Mais la Providence malicieuse, en décide autrement.
Un prédicateur itinérant connu à travers toute la Pologne, Gedalya Kreitman, qui collecte des fonds pour l’Agudath Israel, les gardiens de l’ultra-orthodoxie, vint consulter mon grand-
père reb Pinhas Menahem à propos d’un problème épineux concernant une loi de la halacha. Son regard se pose sur la jeune fille qui vient servir le thé au citron. La trouve-t-il aussi douce que le morceau de sucre à travers lequel il sirote son thé ? Tout de go il propose le mariage, non pour lui-même, mais pour le plus estimable de ses trois fils, Avraham ou Avrum, qui, pour échapper à la conscription dans l’armée tsariste, avait été envoyé à Anvers pour y suivre une formation de tailleur de diamant.
Reb Gedalya bien sûr ne fait sa demande qu’une fois la porte refermée derrière la jeune fille. On fait venir Bathsheva, la mère de Hindele qui accepte la proposition. Elle en informe sa fille qui dit :
“Vous ne voulez plus de moi, très bien, je partirai donc en exil“.
Désormais chaque fois que Reb Gedalya est en ville, il vient saluer la fiancée
de son fils et entame avec elle des conversations érudites car Hindele est instruite et connaît bien la Torah et le Talmud. Chaque fois, avant de repartir il dépose sur la table un “petit cadeau“, un bijou précieux.
Le mariage est arrangé. Il se déroulera dans un hôtel casher de Berlin, tous les frais étant
à la charge de Reb Gedalya qui offre également une belle dot, et contrairement à la coutume, couvre sa future belle-fille de bijoux.
A Berlin, Hindele et
Avrum sont présentés
l’un à l’autre. Ils restent
là à se regarder, puis
on les escorte dans un studio de photographe. Le lendemain ils sont mariés. “
  Avrum et Hinde, le jour de leur mariage










































































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