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L’avenir de la guerre appartient-il au soldat augmenté, dont le corps aura
été modifié pour être plus performant ? Le sujet est très sensible, voire
fantasmatique. Il a été abordé pour la première fois publiquement par des
médecins des armées et des officiers, lors d’un colloque à l’Ecole militaire,
le mardi 9 juin. La réflexion a été présentée comme « exploratoire » par
l’organisateur, le Centre de recherche des écoles de Saint-Cyr Coëtquidan
(CREC), mais l’événement montre bien qu’elle fait d’ores et déjà son chemin.
« Pendant longtemps, l’institution militaire a progressé grâce à son équipe-
ment, son capital technique. Aujourd’hui, elle peut le faire par l’amélioration
de son capital humain, a souligné Didier Danet, responsable du pôle Ac-
tion globale et forces terrestres du CREC. Nous sommes donc à l’orée
d’un nouveau programme de recherche. » Selon lui, une interdiction
de principe, comme certains la réclament pour les robots tueurs, est «
illégitime » face aux avancées de la science, et « une intervention des
pouvoirs publics sera nécessaire pour dire ce qu’il est possible de faire ».
Le sujet n’apparaît pas à part dans la stratégie scientifique du ministère
de la défense pour 2019, a précisé le commandant Emmanuel Gardinetti,
de la direction générale de l’armement. Mais « il est présent » dans plu-
sieurs chapitres. D’un côté, l’augmentation est évoquée au travers de la
pharmacologie, des implants ou des nanotechnologies, les GPS intégrés
au corps ou les interfaces cerveau-machine relevant encore de la sci-
ence-fiction. De l’autre, des équipements sont déjà à l’étude, tels que des
capteurs de réalité augmentée, des robots collaboratifs, des exosquelettes.