Page 18 - Le Japon avril 2019

Gutaï.
Juste avant de quitter l’archipel de Seto alors que le Setouchi Art Festival ferme ses portes, l’influence du mouvement Gutaï nous saute aux yeux !
Au moins une œuvre y fait plus qu’allusion. Signée Yasumura Morimura, elle présente en fait une prise de vue vidéo, contemporaine, d’une pièce créée en 1956 par Atsuko Tanaka, l’une des artistes les plus actives du mouvement. Il s’agît d’une « statue » entièrement composée de tubes néon de multiples couleurs reliés par des dizaines de fils, en forme d’arbre ou de silhouette humaine derrière laquelle le visage de l’artiste apparaît.
Autoportrait de Atsuko Tanaka
Cette image saisissante, évanescente, qui s’allume et s’éteint progressivement, dégage une force singulière. Œuvre à la fois concrète et abstraite, elle incarne à elle seule le mouvement Gutaï, dont la signification est « concret », ou « incarnation », qui puise sa
source dans l’abstraction, le surréalisme, le mouvement dada et va inspirer l’Action Painting, le Happening et aussi, plus tard, le mouvement Support/ Surface.
Il faut rappeler que ce mouvement fut fondateur de l’art contemporain japonais et de loin le plus important au XXème siècle.
« L’art Gutaï ne transforme pas la matière, il lui donne vie » a écrit son fondateur, Jiro Yoshihara en 1956.