Page 19 - Le Japon avril 2019
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Le Wabi-sabi
vu par Axel Vervoordt, collectionneur
Henro I à Kanaal
Kazuo Shiraga
( Amagasaki, 1924 - 2008)
Le wabi-sabi, cher à Axel vervoordt, relie deux principes : wabi (solitude, simplicité, mélancolie, nature, tristesse, dissymétrie...) et sabi (l'altération par le temps, la décrépitude des choses vieillissantes, la patine des objets, le goût pour les choses vieillies, pour la salissure, etc.). Le wabi fait référence à la plénitude et la modestie que l'on peut éprouver face aux phénomènes naturels, et le sabi, la sensation face aux choses
dans lesquelles on peut déceler le travail du temps ou des hommes. Le caractère sabi est ainsi gravé sur la tombe de l'écrivain Junichirō Tanizaki (1886-1965), dans le temple Hōnen-in (dédié au moine Hōnen), à Kyoto.
Une illustration du wabi-sabi : le culte esthétique pour les pierres (jardin sec), ou le travail des bonsaï. Cette éthique apparaît au xiie siècle ; elle prône le retour à une simplicité, une sobriété paisible pouvant influencer positivement l'existence, où l'on peut reconnaître et ressentir la beauté des choses imparfaites, éphémères et modestes.
L'art du kintsugi, qui consiste à souligner d'or les failles d'un objet cassé au lieu de les masquer, s'inscrit dans le courant du wabi-sabi en invitant à admirer l'imperfection des fêlures de l'objet; bols (chawan) anciens, abîmés et réparés selon la technique du kintsugi, sont particulièrement prisés avec leurs cicatrices recouvertes d'or où l'imperfection est mise en valeur.