Page 14 - Fleurs de pavé
P. 14
Claude Cotard – Fleurs de Pavé.
Décembre 1992 c'est décidé. J'ai mis le renom de mon
appartement et donné ma démission.
Un ami de A est prêt à m'embaucher dans une société de
sécurité pour travailler à la télésurveillance et comme
maitre chien, avec Féerie, dans la région parisienne.
Paris, je connais quasiment par cœur, j'y suis né et y ai
passé mon enfance, ma jeunesse.
Hélas, quand j'arrive à Paris, c'est pour m'entendre
dire par A qu'entre temps elle a rencontrée quelqu'un
d'autre, qu'elle est tombée amoureuse (à nouveau) et
qu'elle ne peut plus me recevoir.
Elle m'annonce ça au dernier moment, alors que j'ai remis
mon appartement, que j'ai démissionné. Il est trop tard
pour moi pour faire marche arrière.
De plus, j'apprends que son ami, celui qui m'avait promis
le travail ne peut plus m'embaucher. Il ferme son
entreprise.
Ça paraît incroyable et pourtant les choses se déroulent
ainsi. Ça ressemble presque à un guet append. C'est une
suite de concours de circonstances malheureuses,
malveillantes.
Non seulement je perds tout, je dois laisser mes meubles,
tout ce que je possède en consigne dans la cave de A,
n'ayant plus de logement, mais je dois également donner
Féerie. Je ne peux, ne veut pas emmener ce husky, que j'ai
eu bébé, dans ma galère. C'est chez une dame qui possède
une grande maison avec un grand jardin que Féerie est
adoptée.
J'ai la rage au ventre de tout ce que j'ai perdu. Un bon
travail, une bel appartement, Féerie, mais je suis trop
effondré pour me révolter, pour réagir avec colère envers
A. Je coule. Je suis à la rue. Me voilà SDF.
14