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Dossier spécial +
Vue des trois caissons de la chambre
hyperbare de l’Hôtel-Dieu de Lévis Intérieur du caisson principal
Pour une meilleure compréhension de la maladie de décompression
Texte:
Dr Dominique Buteau, directeur médical du Centre de médecine de plongée du Québec
Photos :
Dr Dominique Buteau et Neal W. Pollock
a maladie de décompression est un évè- nement grave, mais heureusement peu fréquent. Selon les estimations du Divers Alert Network (DAN), le taux d’incidence en
Amérique du Nord de la maladie de décompression chez les plongeurs récréatifs serait de l’ordre de 2 à 4 cas par 10 000 plongées. Bien que
nous puissions avoir une idée relativement pré- cise du numérateur (nombre de cas de maladie de décompression), il est très dif cile d’estimer adé- quatement le dénominateur (nombre de plongées réalisées par l’ensemble des plongeurs). Ce taux d’incidence peut donc être sous-estimé ou sures- timé. Au Québec, annuellement, ce sont entre 10 et 15 cas qui sont traités dans les deux centres de médecine hyperbare. Mais combien de plongeurs présentant des symptômes ne consultent pas?
Aussi, la terminologie peut parfois porter à confu- sion. On retrouve différentes appellations. La maladie de décompression (en anglais, decom- pression illness) englobe l’accident de décompres- sion et l’embolie gazeuse artérielle. L’accident de décompression (decompression sickness ou DCS ou communément appelé bends) réfère aux effets engendrés par l’accumulation de gaz inerte lors d’une plongée et son élimination inadéquate. L’em- bolie gazeuse artérielle cérébrale (cerebral arte-
rial gas embolism) décrit l’atteinte neurologique secondaire à un barotraumatisme pulmonaire.
On note parfois que plusieurs aspects de la mala- die de décompression sont ignorés ou mal compris des plongeurs. Dans cet article, nous aborderons les questions des mécanismes impliqués, la pré- sentation clinique, le traitement et la prévention.
Les mécanismes impliqués
A n de bien comprendre les mécanismes impliqués dans la maladie de décompression, il faut se remé- morer les principes physiques et biochimiques inhérents à la plongée sous-marine. Tout d’abord, la loi de Boyle-Mariotte, qui exprime la relation entre la pression et le volume d’un gaz. Selon cette loi, à une température constante, le volume d’un gaz varie de façon inversement proportionnelle à la pression. Cette loi s’exprime par la formule : P1 x V1 = P2 x V2. Cette loi aura toute son importance pour l’embolie gazeuse artérielle.
Contrairement à l’accident de décompression, qui requiert une certaine période d’absorption de gaz inerte (le plus souvent, l’azote), l’embo- lie gazeuse artérielle résulte d’une diminution abrupte de la pression ambiante. Par exemple, un plongeur qui fait une remontée rapide de 10 m
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La santé du plongeur


































































































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