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Dossier spécial +
Civière hyperbare devant la chambre hyperbare de l’Hôtel-Dieu de Lévis
Rougeur sous forme de plaques ou éruption marbrée
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articulaire. On croit plutôt que les douleurs arti- culaires ou périarticulaires seraient secondaires aux bulles de gaz inerte dans les vaisseaux de la moelle osseuse et à la distension mécanique des tissus par les bulles dans les gaines des tendons et ligaments.
Les douleurs articulaires apparaissent générale- ment de façon graduelle et sont ressenties comme une douleur profonde mal dé nie. L’intensité peut être variable, allant de légère à sévère. La douleur sera habituellement présente au repos et pourra ou non être exacerbée par les mouvements. Les articulations les plus souvent touchées sont les grosses articulations telles que : épaules, coudes, poignets, hanches, genoux et chevilles. Les dou- leurs peuvent parfois aussi être ressenties dans les muscles. Il sera souvent dif cile de différen- cier les douleurs articulaires dues à un accident de décompression de celles occasionnées par un effort physique ou un faux mouvement. Une croyance assez répandue veut que le fait de sou- lager la douleur articulaire en gon ant un brassard à pression sur l’articulation touchée supporte le diagnostic d’un accident de décompression. Ce test a toutefois une faible sensibilité et une spéci cité imprécise.
Le système nerveux central et périphérique
Les bulles d’azote peuvent se loger dans la circu- lation cérébrale et provoquer une occlusion méca- nique de la circulation. Cela provoque une ischémie (souffrance en oxygène) dans les zones atteintes, tout comme celle qui survient lors d’un accident vasculaire cérébral dû à la formation d’un caillot sur une plaque de cholestérol. Or, contrairement
à l’accident vasculaire cérébral (AVC), qui touche une zone précise occluse par un caillot dans un hémisphère du cerveau, il y a de multiples bulles d’azote à différents endroits. Ainsi, les symptômes peuvent engendrer des déficits neurologiques multiples et bilatéraux. Ces atteintes neuro- logiques totalement différentes des tableaux classiques d’AVC peuvent être un peu déroutantes pour le médecin qui n’est pas familier avec les particularités de l’accident de décompression. Les symptômes neurologiques peuvent être très variés, principalement des symptômes sensitifs, des faiblesses motrices, des troubles d’équilibre, etc. Les symptômes les plus fréquents sont détail- lés dans le tableau ci-dessous.
Le phénomène d’occlusion mécanique par les bulles d’azote n’est pas le seul responsable des manifestations de l’accident de décompression et de l’embolie gazeuse artérielle. Ces occlusions mécaniques causent une cascade de réactions biochimiques qui produisent des dommages secondaires. Parmi ces réactions, on note une coagulation accentuée (agrégation des plaquettes, déposition de fibrine, formation de caillot), une réponse in ammatoire (activation des globules blancs ou de médiateurs in ammatoires) et des dommages à la couche interne des vaisseaux (perméabilité capillaire augmentée provoquant de l’œdème tissulaire). Cette cascade de coagu- lation et d’inflammation joue probablement un rôle important dans les manifestations cliniques de la maladie de décompression. La variabilité de la réponse inflammatoire entre les individus pourrait aussi expliquer pourquoi certaines per- sonnes seraient plus susceptibles à l’accident de décompression.
La santé du plongeur
Neal W. Pollock