Page 29 - Rebelle-Santé n° 220
P. 29

NUTRITHÉRAPIE
Pour commencer, coup d’œil dans le rétroviseur : cela fait presque 10 ans que j’ai entrepris d’alerter le public francophone sur un problème de santé
publique sous-estimé jusque-là : l’épidémie mondiale de déficit en vitamine D. Ne ménageant pas ma peine, je n’ai eu de cesse de propager la « bonne parole » à travers articles, interviews et conférences, sans oublier la création d’un blog et la publication d’un ouvrage de référence toujours disponible. Je croyais avoir active- ment participé à faire reculer l’ignorance et les idées fausses sur la vitamine D véhiculées par les médias et de trop nombreux professionnels de santé, mais les résultats d’un sondage Ifop réalisé l’année dernière m’ont fait déchanter.
LE SONDAGE QUI JETTE UN FROID
Commandé par Mylan, ce sondage révèle que « les Français ne sont pas suffisamment informés sur les bénéfices de la vitamine D et sur les risques engen- drés par un déficit ». Illustration en quelques points de ce manque de connaissance claire à propos de la vitamine D :
 Si la quasi-totalité des répondants déclare avoir déjà entendu parler de la vitamine D, les deux tiers d’entre eux ne savent pas vraiment quel en est le bé- néfice. Ils ne sont qu’une moitié à associer spontané- ment la vitamine D à l’assimilation du calcium et à une action sur les os.
 Seul un répondant sur cinq pense manquer de vita- mine D. En réalité, ils sont neuf sur dix à être défici- taires en vitamine D au sortir de l’hiver !
 Plus de la moitié des répondants pensent que l’exposition au soleil en hiver permet de se procurer suffisamment de vitamine D. La vérité, c’est que dans tous les pays situés au-delà de 40° de latitude Nord ou Sud, la synthèse cutanée de vitamine D n’est plus possible pendant au moins 6 mois, soit de mi-octobre à mi-avril à Paris (latitude 48 °N).
 La moitié des répondants pense qu’une alimen- tation équilibrée permet, à elle seule, de se procurer suffisamment de vitamine D. En réalité, l’alimentation ne permet de couvrir que 5 à 10 % des besoins en vitamine D – et encore, à condition de se gaver de poissons gras !
 Enfin, la moitié des répondants pense que le déficit en vitamine D vient avec l’âge. En réalité, le manque de vitamine D affecte TOUTES les tranches d’âge. Si vous n’en êtes pas convaincu, les tableaux qui suivent vont vous donner un large aperçu des conséquences sur la santé d’un déficit en vitamine D à toutes les étapes de l’existence (1).
Déficit
en vitamine D
Risques encourus
PRIME ENFANCE
• Faible poids de naissance • Diarrhée à rotavirus
• Infections respiratoires sévères, notamment bronchiolite sévère
• Asthme infantile
• Dermatite atopique
Déficit
en vitamine D
Risques encourus
ENFANCE ET ADOLESCENCE
• Diabète de type 1
• Puberté précoce chez les filles
• Douleurs inexpliquées aux jambes et à la poitrine
• Faible capital osseux • Troubles métaboliques • Dépression
Déficit
en vitamine D
Risques encourus
JEUNES ADULTES
• Sclérose en plaques (voir encadré)
• Diabète gestationnel et prééclampsie chez la femme enceinte
Vitamine D & sclérose en plaques
On sait déjà depuis le milieu du siècle dernier que plus on s’éloigne de l’équateur – et donc, d’un environnement riche en vitamine D –, plus la fréquence de la maladie augmente. Les immigrés iraniens résidant en Suède (latitude 62 °N) depuis leur adolescence ont pratiquement quatre fois plus de risque de développer la maladie en Suède que dans leur pays d’origine (32 °N). En France, le nombre de cas recensés est presque multiplié par deux entre la partie sud-est (43 °N) et la partie nord-est du pays (50 °N).
Rebelle-Santé N° 220 29


































































































   27   28   29   30   31