Page 34 - Rebelle-Santé n° 201
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rencontre
La médecine de nos ancêtres celtes était, semble-t-il, très avancée. Ils avaient un savoir comparable à celui des Égyptiens. À l’époque,
les druides utilisaient la phytothérapie et profitaient des bienfaits des eaux thermales. Excellents chirurgiens et prothésistes, ils étaient également des oculistes réputés ! Allons voir cela de plus près avec l’archéologue Myriam Philibert...
Madame Philibert, pouvez-vous nous dire comment l’on devenait druide, il y a 2000 ans ?
Myriam Philibert : Être druide ne s’improvisait pas, loin de là... À l’âge de 7 ans, les enfants (garçons et filles) qui se destinaient à cette lourde responsabilité entraient dans une École à mystères. Leur cursus durait 20 ans !
Ils apprenaient à lire, à écrire le grec et le latin, à compter puis apprenaient, par cœur, des épopées. On leur enseignait aussi à reconnaître les plantes ainsi que leur utilisation qu’ils devaient mémoriser, faute d’écrits à ce sujet. Les futurs druides développaient des moyens mnémotechniques, comme l’association de plantes : ASV pour camomille (anthemis), sauge (salvia), verveine (verbena)... Précisons que ces noms latins, encore utilisés de nos jours, sont issus du gaulois.
Et s’ils échouaient avant le terme de ce long apprentissage ?
Les apprentis-druides qui arrêtaient leur cursus avant lafintrouvaientuneautrevocation.Lesjeunesfilles devenaient souvent des sorcières – au bon sens du terme, bien sûr. Ce titre leur permettait d’accomplir une thérapie magique (précisons que la magie intervient lorsque « l’âme agit ») en utilisant des incantations, des talismans qu’elles confectionnaient, telles ces lamelles de métal (voir photo) – sortes de plaques de 10 à 30 cm de long, en argent, gravées d’une formule du genre : « Enlève le mal à l’estomac de... » La personne la portait sur elle... et guérissait selon la dose de foi qu’elle y mettait. Ces femmes se servaient aussi de pierres sacrées (les fameux oghams dont nous parlions le mois dernier), de cristaux tels que le quartz blanc ou des pierres vertes comme la serpentine, la variolite, etc. Il existait des Collèges de druidesses répartis sur tout le territoire gaulois.
Ceux qui arrivaient au bout du cursus devenaient donc médecins ?
Oui ! Et des médecins réputés qui plus est. On sait, par exemple, qu’au fil des années, leurs études très poussées les menaient à la découverte du corps humain et à sa réparation. Dans les sources de la Seine, on a retrouvé des planches d’anatomie interne et des statues en bois représentant des druides. On sait aussi, d’après une légende irlandaise, que le roi Conchobar s’était fracturé le crâne en tombant de cheval ; condamné à ne plus bouger, c’est un druide- médecin qui l’a sauvé en lui confectionnant un serre- tête. Le druide d’un autre roi irlandais, Nuada, lui avait confectionné un bras d’argent pour qu’il puisse continuer de régner.
Ces mêmes médecins apprenaient la chirurgie et savaient réduire les fractures. Ils étaient capables de faire des prothèses de bras, de jambes et connaissaient, évidemment, l’anesthésie et l’antisepsie grâce aux plantes. C’étaient des phytothérapeutes hors-pair ! Nous savons, par exemple, que Marcellus, médecin de l’empereur Théodose Ier, recense 2500 préparations médicales gauloises dans un recueil de remèdes intitulé De medicamentis... Le Vidal avant l’heure !
Mais encore ?
Nous savons, grâce aux écrits de Pline l’Ancien, bo- taniste latin d’origine gauloise, comment certaines plantes (il en mentionne près d’un millier dans la pharmacopée) étaient utilisées. La camomille (anthe- mis) servait à guérir des morsures de serpent ; on tres- sait des couronnes avec les fleurs ; l’armoise (artemi- sia) et la sauge (salvia) soignaient la fatigue, tandis que le chiendent (gramen) préservait des inflammations.
Plaquette votive en plomb (site de Chamalières - Source des Roches).
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Rebelle-Santé N° 201
© Musée Bargoin - Clermont-Ferrand.


































































































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