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   RENCONTRE
  À 24 ans, originaire des environs de Saint-Nazaire, Romane Glotain a la tête
sur les épaules, le cœur sur la main, une énergie à revendre, et une sérieuse envie d’avancer. Le 10 mai, elle enfourchera son vélo électrique pour partir à la rencontre des jardins thérapeutiques à travers toute la France. Une balade de santé pour faire connaître ces lieux dédiés au bien-être qui démontrent comment le contact avec la nature peut nous aider à aller mieux.
Les confinements auront au moins permis de démontrer l’importance des besoins d’accès à la nature pour le bien-être de tous, mais passionnés
et professionnels n’ont pas attendu la pandémie pour réfléchir sur les effets de l’environnement sur la santé.
Depuis quelques années, les « jardins thérapeutiques » se développent en France. Romane, une jeune éducatrice spécialisée et formée à l’hortithérapie, se prépare à un périple de trois mois pour promouvoir cette démarche, la diversité des situations et leurs spécificités.
Rencontre.
Rebelle-Santé :
Qu’est-ce qu’un jardin thérapeutique ?
Romane Glotain :
En résumé, c’est un jardin aménagé pour le bien-être
physique, psychologique ou social d’une personne ou d’un groupe de personnes, que ce soient des résidents d’un foyer éducatif ou d’une maison de retraite, des détenus dans une prison, des personnes souffrant d’un handicap moteur ou mental, ou encore des patients d’un établissement ou d'une institution de santé. Plu- tôt que « jardins thérapeutiques », personnellement je préfère les appeler « jardins de soin », car le jardin ne soigne pas un symptôme ou une maladie en tant que telle, c’est un complément, un outil qui aide et accompagne une prise en charge éducative ou un pro- cessus de rétablissement.
Le plus important dans ce type de jardin, c’est d’ima- giner des aménagements ou des ateliers selon des objectifs précis fixés dans le cadre d’un projet d’ac- compagnement entre le personnel encadrant et les usagers. Si on veut travailler avec un enfant autiste, par exemple, où la difficulté réside dans les interac- tions avec les autres, il faudra imaginer des ateliers pour développer le lien social, créer des situations qui conduisent cet enfant à développer les relations avec d’autres. Un atelier ou une sortie au jardin ne suffisent pas non plus, le soin s’inscrit dans un processus de suivi régulier pour tendre vers les objectifs fixés au gré des séances, au fil des comptes-rendus et des obser- vations.
Jardin thérapeutique - Le Mans 2017
Existe-t-il des critères précis pour définir un jardin de soin ?
Il n’y a pas de modèle figé et unique, mais il existe effectivement certains critères qui permettent de différencier un jardin de soin d’un jardin partagé ou ludique. Les vertus du jardin en complément thérapeutique sont connues depuis l’Antiquité. Déjà, dans l’Égypte ancienne, on utilisait les jardins pour soigner les personnages royaux atteints de maladies psychiques. L'hortithérapie moderne est née au XIXe siècle aux États-Unis et au Canada. En Europe, on en trouve d’abord en Suisse et en Allemagne, mais le concept est beaucoup plus développé dans les pays anglo-saxons, où le métier d’hortithérapeute est reconnu et pratiqué. Des chercheurs américains ont ainsi défini le jardin thérapeutique selon cinq critères fondamentaux : la sécurité, un aménagement en plantations qui regroupe les trois strates végétales
   Rebelle-Santé N° 234 33
 © Romane Glotain

















































































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