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 Enjeux politiques et éducatifs
L’une des finalités scolaires est de permettre à chacun des individus de pouvoir s’engager efficacement en tant que citoyen dans notre société. Au sein d’une école qui est passée en 50 ans d’un bien à acquérir pour progresser à une valeur incontournable pour réussir (Marsault, 2006), les enseignements se sont orientés vers une volonté d’inscrire tous les élèves dans des apprentissages ambitieux pour répondre au mieux aux problématiques sociales rencontrées. Mais si l’accompagnement vise l’autonomie, il vise aussi une certaine conformité sociale (E. Gagnon, P. Moulin, B. Eysermann, 2011). L’élève est un citoyen en devenir et l’enseignant dans ses missions doit l’y préparer en répondant aux attentes institutionnelles.
Force est de constater que la métacognition n’est pas stricto sensu abordée dans les textes institutionnels réglementaires, mais les enseignants sont amenés à apprendre à apprendre à leurs élèves, à les rendre réflexifs. Rendre l’élève conscient de son propre processus cognitif c’ est lui permettre de développer sa capacité à gérer de manière autonome les différentes fonctions métacognitives nécessaires pour accomplir diverses tâches scolaires quotidiennes telles que résoudre des problèmes, planifier et contrôler ses émotions. Il est effectivement reconnu que les élèves qui sont habitués à avoir une activité réflexive au sein de leur milieu culturel réussissent mieux que ceux n’y étant pas habitués. C’est alors à l’école d’atténuer ces écarts et de rendre tous les enfants capables de devenir réflexifs et d’apprendre à apprendre (Zakhartchouk, 2015).
Une efficacité recherchée dans un contexte fluctuant
Face à la pluralité des environnements et aux flux constants d’informations, le contexte actuel engage les élèves à être capable d’apprendre mais aussi de désapprendre et de réapprendre pour mieux se positionner. Cette dynamique implique que chacun des apprenants mette en relation ce qu’il est, au travers de son identité et son histoire, avec ce qu’il possède, ses pratiques et ses réflexions. En effet, ces allers-retours réguliers, plus ou moins conscientisés, favorisent l’émergence d’une posture réflexive sur des situations ou problèmes à vivre. La valorisation de cette approche par compétences est développée par l’appropriation de connaissances, capacités et attitudes, dans un contexte précis où l’idée n’est pas simplement d’agréger quelques éléments entre eux mais de développer une pensée complexe pour être apte à réagir de façon pertinente en situation nouvelle (Morin, 2012). La métacognition relève donc ici de la possibilité laissée aux apprenants de cerner les cadres d’analyse dans lesquels ils évoluent afin de mettre en relation la compréhension de leurs réussites avec les paramètres du contexte. L’élève qui découvre son propre fonctionnement intellectuel montre plus d’autonomie car il apprend à gérer les différentes fonctions métacognitives nécessaires pour résoudre des problèmes, telle la planification, la prévision, la hiérarchisation de l’information, le contrôle de ses stratégies de résolution de problème. Parallèlement, l’enseignant développe une démarche d’écoute et de compréhension de l’élève pour une plus grande prise en compte des différences et la conception d’un étayage adapté. Pédagogie différenciée et autonomie, favorise une adéquation accrue entre les logiques d’enseignement et les logiques d’apprentissage, entre ce qui est enseigné et ce qui est appris (Grangeat, Mérieu, 1997).
Un objet d’enseignement à part entière
Dans cette logique, si la perception de ce qui est à réaliser par et pour les élèves s’appuie sur une logique globale plus approfondie, la recherche de la construction d’un individu réflexif sur ses activités et apprentissages s’inscrit au cœur des pratiques professionnelles des enseignants. En effet, une évolution analytique d’apprentissages (moteurs et/ou cognitifs) ne peut répondre à la recherche d’une compréhension plus affirmée des différentes démarches pour apprendre. L’idée qui se dégage est de promouvoir la métacognition comme un réel objet d’enseignement dans lequel chacun des élèves peut être amené à observer, verbaliser, analyser mais surtout s’engager vers une abstraction des principes abordés.
En d’autres termes, l’enjeu pédagogique est de proposer des formes d’enseignement où la logique de transfert possède une place à part entière dans la formalisation des contenus, tout en opérationnalisant une réussite, pratique et concrète. Cette mise en tension est donc source de difficulté accrue pour construire des séquences d’enseignement mais cela s’avère riche voire incontournable pour permettre aux élèves de développer une efficience dans la résolution de problèmes futurs.
Pour une autonomie relative face aux progrès technologiques
Cette reconstruction du réel par le problème posé émancipe l’élève. Accompagner, c’est alors promouvoir l’autonomie qui consiste à savoir s’organiser, à se prendre en main, à se discipliner, à faire ses propres choix, à se responsabiliser afin de se réaliser et de s’épanouir. Ces procédures sont d’autant plus pertinentes que notre système demande aux élèves de s’inscrire dans une forme d’autonomie relative où les outils et les supports évoluent rapidement. Par exemple, les usages du numérique éducatif transforment profondément certaines façons de communiquer dans les environnements de travail. Certains savoirs liés, notamment aux principes de déduction et/ou d’induction peuvent amener les élèves à identifier, comprendre et répondre rapidement à certaines contraintes. L’adaptation technologique souhaitée s’appuie avant tout sur des capacités d’abstraction à résoudre les difficultés rencontrées. Cela peut s’établir à partir de la sélection des éléments (lecture intuitive) mais le plus souvent, il s’agit de chercher les logiques de fonctionnement pour mieux appréhender certaines démarches développées.
Développer la métacognition
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