Page 49 - Mon Anarchie
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L’homme est il suffisamment
                                                  responsable pour être Libre ?



                            La question peut choquer à bien des égards selon ce qu’on entend par «respon-
                     sable» et par «libre». Pourtant posée depuis des siècles par les plus grands philosophes, no-
                     tamment Kant qui considérait qu’on doit accorder sa Liberté à l’homme avant même qu’il
                     ait la maturité nécessaire pour en faire bon usage, et Rousseau qui prônait presque une au-
                     toéducation basée plus sur sa propre expérimentation que sur l’enseignement. Les temps
                     changent, l’époque des Lumières est bien loin, la bourgeoisie a pris le pouvoir et son in-
                     fluence néfaste s’étend à pratiquement toute la société. Il semble aujourd’hui ibnconce-
                     vable que l’homme soit suffisamment responsable pour être vraiment libre. Les masses
                     sont tombées dans l’antagonisme «sans lois pas de libertés possibles». On est encore pour
                     l’instant en démocratie, officiellement libres donc, mais libres de quoi ? De se gaver de
                     mcdo de télé d’antidépresseurs, formatés depuis la naissance et encadrés voire brimés par
                     des milliers de lois contradictoires tout au long de sa vie.
                     On en vient à oublier qu’une autre forme de liberté, plus épanouie, plus naturelle, est non
                     seulement possible mais souhaitable. Mais le vieil idiome «l’anarchie c’est le chaos» a la
                     peau dure. L’homme serait il tellement un crétin que sans école ni télé ni lois il ne soit pas
                     capable de cohabiter avec ses semblables ? Cette question en pose d’autres. Un être non lo-
                     botomisé au sein d’une société qui l’est  à outrances peut en effet être un danger pour lui
                     même et pour les autres, mais c’est uniquement dû au fait que ce millieu n’est pas le sien.
                     Le problème n’est donc pas dans l’homme qui réclame sa Liberté mais dans la société qui
                     la lui refuse. Rendu à son état naturel, animal pour ainsi dire, dans une société épurée de
                     toues ses règles futiles, égal parmi ses égaux, ce genre de problème ne se pose plus. Ca
                     exise à petite ou moyenne échelle le plus gros prototype réussi est une ville libre et auto-
                     nome en Italie je crois), ça peut fonctionner à plus grande échelle, ou par provinces. Reste
                     une question que beaucoup m’ont posé: sans lois qu’est ce qui t’empêche de voler ou tuer
                     ton voisin ? Le bon sens déjà, a priori on a tous une conscience. La régulation des inégali-
                     tés aussi, si tu voles ton voisin c’est parce qu’il est trop riche et toi trop pauvre. Enfin pas
                     de lois ne veut pas forcément dire pas de règles tacites, mais pas de répression. S’il n’y a
                     pas de flics, tout le monde est flic, chacun est responsable de soi mais aussi des autres. Ain-
                     si il est impossible d’eempêcher les dérives, s’il y en a d’obtenir réparation (amener le vo-
                     leur à rendre le bien volé ou quelque arrangement à l’amiable), au pire en dernier recours
                     banissement de la province en question. On me dira «utopique» moi je dis «réalisable», et
                     même «souhaitable»: quand on voit la société actuelle ça ne peut être que mieux. Il est vrai
                     que si l’homme nait naturellement bon on a tous une proportion à la facilité voire à la mes-
                     quinerie, mais al société et le cadre y jouent beaucoup. Le vice ne peut percer son trou dans
                     le cadre d›un projet positif clairement défini où l’espoir règne. Donc oui, redéfinissons le
                     cadre et l’homme se réhumanisera de lui même, donnant raison à Kant: la responsabilité
                     est le fruit de la Liberté. «Ouvrez la cage».
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